lundi 2 juillet 2018

#Bilan des sociétés #Dossier de l'été #Cac40

Le véritable bilan annuel des grandes entreprises françaises



L’Observatoire des multinationales publie le premier « véritable bilan annuel » des multinationales françaises. 

Cet exercice inédit permet à tout un chacun d’aller au-delà de la comm’ et du jargon financier pour examiner ce que font réellement les grandes entreprises françaises dans des domaines aussi divers que le partage des richesses, la protection du climat, les droits des travailleurs, le lobbying ou la santé.
Le lecteur apprendra par exemple dans ce « véritable bilan annuel » que les grandes entreprises françaises redistribuent les deux tiers de leurs bénéfices aux actionnaires, et qu’elles ont diminué leurs effectifs en France de 20% depuis 2010 malgré un chiffre d’affaires en croissance. Qu’elles possèdent chacune des centaines de filiales partout dans le monde, dont 15% dans des paradis fiscaux. Qu’elles dépensent des centaines de milliers, voire des millions d’euros en lobbying à Paris, Bruxelles et Washington, mais aussi des centaines de millions d’euros, voire des milliards pour certaines, en publicité. Que le premier actionnaire du CAC40 n’est plus, pour la première fois depuis longtemps, l’État français, mais la famille du milliardaire Bernard Arnault, PDG de LVMH et actionnaire de Carrefour. Ou encore que près de la moitié du CAC40 a un dirigeant issu de la haute fonction publique.

Ce « véritable bilan annuel » revient aussi sur le rôle des multinationales françaises dans l’actualité nationale et internationale au cours de l’année écoulée, depuis l’élection de Donald Trump aux États-Unis jusqu’à la réforme du code du travail en France. Il emmène le lecteur tout près de chez lui, où se font sentir les conséquences des fermetures d’usines et l’héritage de la pollution, aussi bien qu’à l’autre bout du monde, dans l’Arctique russe où des groupes français extraient du gaz naturel, dans les forêts d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud qui souffrent de l’expansion des plantations de soja ou d’huile de palme, dans les banlieues des grandes villes asiatiques où triment les ouvriers et ouvrières de leurs fournisseurs, et jusque dans les océans envahis par le plastique.
 
Grand écart entre les discours et les pratiques
S’il est un fil conducteur à ce « véritable bilan annuel », c’est bien celui du grand écart entre la communication des grandes entreprises françaises et la réalité des faits et des pratiques. Les groupes du CAC40 rivalisent d’éloquence pour évoquer leur engagement pour le climat, mais seule une minorité d’entre eux (14) réduisent effectivement leurs émissions de gaz à effet de serre. Ils se vantent d’avoir 40% de femmes dans leurs conseils d’administration, sans préciser que la législation les y contraint ni que dans leurs comités de direction, non couverts par la loi, cette proportion descend à 13%.

Le constat vaut même pour des multinationales françaises qui consacrent une énergie folle à se présenter elles-mêmes comme des modèles de vertu et de responsabilité sociale et environnementale, à l’image de Danone. 
Si l’on regarde la réalité des chiffres et des faits, Danone se situe dans la moyenne en termes de redistribution de ses profits aux actionnaires. Elle fait partie des multinationales tricolores qui possèdent la plus grosse proportion de filiales dans les paradis fiscaux. En termes de rémunérations, elle est l’un des groupes les plus inégalitaires du CAC40. Son effectif en France a chuté de 9% depuis 2010 alors même que son chiffre d’affaires augmentait de 45%. Elle contribue à l’envahissement du monde et des océans par le plastique, en n’apportant que des réponses partielles et imparfaites en termes de plastique recyclé, et seulement pour sa marque la plus haut de gamme, Evian. Elle a réduit ses émissions de gaz à effet de serre et affiche des objectifs ambitieux dans ce domaine, mais l’industrie laitière reste l’une des principales sources mondiales de gaz à effet de serre. Les discours de la direction de Danone et de son PDG Emmanuel Faber sur le rôle social de l’entreprise paraissent un prolongement des milliards d’euros de publicité dépensés chaque année par le groupe pour amadouer les consommateurs.

Menaces sur le droit à l’information
Le « véritable bilan annuel des grandes entreprises françaises » réalisé par l’Observatoire des multinationales montre l’importance d’une information indépendante et d’un débat contradictoire et éclairé sur ces questions, pour notre démocratie et notre planète, mais aussi pour les entreprises elles-mêmes et leurs salariés.

Malheureusement, avec le secret des affaires, la concentration des médias entre les mains de quelques milliardaires, la multiplication des procédures bâillon contre journalistes, associations et lanceurs d’alerte, ou encore la réduction des prérogatives des représentants des salariés, le droit à l’information et au débat sur les entreprises et leur stratégie semble plus menacé que jamais.



 Bonne Semaine a tous et toutes :)


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