mercredi 31 janvier 2018

#Semaine des 28 heures en Allemagne Oui Mais

En Allemagne, la semaine de 28 heures n’est pas les 35 heures à la française

A savoir: #Dossier - les 28 heures en Allemagne  - Oui mais au choix du salarié et sur une durée limitée dans le temps
En Allemagne la question de la réduction du temps de travail est au centre du dialogue social avec une proposition choc : la semaine de 28 heures. À ne pas confondre avec les 35 heures à la française.



Alors qu’en France chaque nouvelle loi sur le travail détricote un peu plus les 35 heures, en Allemagne, il est question d’aller vers la semaine des 28 heures. Le syndicat IG Metall, le plus puissant du pays, en a fait l’une de ses deux revendications dans le conflit qui l’oppose depuis quelques semaines au patronat du secteur de l’industrie.
À partir du mercredi 31 janvier, près de 250 entreprises allemandes du secteur de l’industrie métallurgique et électronique menacent, sous la pression des grévistes, de fermer pendant 24 heures. Un mouvement social qui peut avoir des répercussions en cascade – retard de livraison, baisse de production – surtout pour la sacro-sainte industrie automobile.
IG Metall exige une revalorisation salariale de 6 %, et la semaine de 28 heures, payée 28 heures pendant deux ans (puis un retour aux 35 ou 36 heures). Une revendication qui surfe sur l’air du temps allemand : “De plus en plus d’Allemands veulent avoir davantage de contrôle sur leur emploi du temps, alors qu’ils ont l’impression, dans une société où tout va plus vite, de ne plus avoir le temps pour rien”, explique Jutta Rump, économiste et directrice de l’Institut pour l’employabilité de Ludwigshafen.
Mais les employeurs ne sont pas d’accord. Ils sont prêts à trouver un compromis sur les hausses de salaires, mais pas question “de parler de baisse du temps de travail, car avec le boom actuel de la production industrielle en Allemagne, le secteur a déjà du mal à embaucher et il n’est pas question pour les entreprises que leurs salariés travaillent moins”, explique l’économiste.

Rien à voir avec les 35 heures à la française
Cette proposition d’aménagement du temps de travail représente donc la principale pomme de discorde dans le paysage socio-économique allemand actuel. Un débat qui doit donner des sueurs froides au patronat français et des rêves de RTT en plus à nombre de salariés tricolores. Mais attention : la semaine de 28 heures proposée par IG Metall n’a pas grand-chose à voir avec les 35 heures à la française.
D’abord, il s’agit d’une négociation de branche, la mesure ne bénéficierait qu’aux travailleurs de l’industrie métallurgique et électronique qui compte près de quatre millions de salariés. Même si “historiquement, les négociations menées par IG Metall aboutissent à des compromis qui sont par la suite appliqués dans les autres branches”, souligne Jutta Rump.
Passer aux 28 heures relèverait, ensuite, d’un choix individuel et non pas collectif. De quoi faire froncer les sourcils outre-Rhin où les aménagements du temps de travail individuel ressemblent davantage à du travail ou du chômage partiel subi qu’à une avancée sociale.
“La France a connu une expérience de réduction de temps de travail individuel dans les années 1980 avec l’encouragement à recourir au temps partiel, qui a abouti, la décennie suivante à la prise de conscience de l’existence des travailleurs pauvres”, rappelle Anne Eydoux, économiste et spécialiste des questions d’emplois au Centre national des Arts et Métiers. Pour elle, cette expérience a contribué à pousser les pouvoirs publics à opter ensuite pour une mesure collective de réduction du temps de travail avec la loi Aubry.

Problème de riches
Le principal syndicat allemand de travailleurs pousserait-il pour une mesure antisociale ? Pas du tout, rétorque Jutta Rump. Le choix de passer à la semaine de 28 heures ne peut venir que du salarié. 
L’employeur ne peut, en aucun cas l’imposer ou proposer des emplois à temps réduit. Il n’y aurait donc pas de risque d’augmenter la précarité en Allemagne.
En fait, la principale différence entre la revendication du syndicat allemand et les 35 heures à la française réside dans la finalité des deux mesures. 
En France, le débat autour du temps de travail revient toujours à se demander s’il réduit ou non le chômage, alors qu’en Allemagne, la semaine des 28 heures vise principalement à permettre aux salariés d’avoir un meilleur équilibre entre métro-boulot-vie perso.
Jutta Rump reconnaît que  le conflit autour de la semaine de 28 heures est un problème de riche. “Nous en parlons parce que notre économie est en plein boom et qu’on peut se le permettre”, assure-t-elle.

Mais après le beau temps économique, la pluie finira bien par tomber sur l’Allemagne. “La prochaine crise économique risque de révéler la face obscure de la semaine de 28 heures, si elle devient réalité”, prévient Jutta Rump. Pour cette économiste, le danger se résume en un mot : robots. Confrontées à un manque de main d’œuvre sur le marché du travail pour cause de forte croissance économique, les entreprises qui devront composer avec la réduction du temps de travail – en cas de victoire d’IG Metall – chercheront à automatiser des tâches. À force d’investissement, elles y parviendront. Et lorsque le vent économique aura tourné, des robots auront pris les places que les chômeurs aimeraient bien occuper.


mardi 30 janvier 2018

#Rupture Conventionnelle collective ....succès annoncé

(RCC) :Rupture conventionnelle collective : l'outil plaît aux chefs d'entreprise

Plus de six dirigeants sur dix sont favorables à ce nouvel outil issu des ordonnances loi Travail, selon "La Grande Consultation" réalisée par Opinion Way pour CCI France/La Tribune/Europe 1.

 


Peugeot-Citroën, Le Figaro, Les Inrockuptibles... plusieurs entreprises ont décidé de faire appel à la nouvelle disposition des ordonnances loi Travail pour restructurer leurs effectifs: la rupture conventionnelle collective (RCC).

Tout comme la rupture conventionnelle classique, il s'agit d'établir, d'un commun accord entre l'employeur et le salarié, les conditions d'un départ de l'entreprise. Sauf que, cette fois, la procédure peut concerner plusieurs salariés à la fois. Le constructeur automobile PSA compte procéder à au moins 1.300 départs via la RCC.
Plus largement, ce nouvel outil semble plaire aux chefs d'entreprise. Sur les 607 dirigeants interrogés dans le cadre de "La Grande Consultation" de janvier réalisée par Opinion Way pour CCI France/La Tribune/Europe 1*, 62% se disent favorables, un avis partagé par les dirigeants de petites comme de plus grandes structures.

 

Moins contraignante et moins traumatisante selon les chefs d'entreprises.

La raison de ce plébiscite réside dans la flexibilité du dispositif. Plus de trois chefs d'entreprise sur quatre estiment qu'il s'agit d'un moyen d'ajuster à court terme les effectifs en fonction de l'activité économique.
Ils sont presque aussi nombreux (71%) à penser que la RCC est moins contraignante qu'un plan de départs volontaires, ou qu'un "plan social" (ou plan de sauvegarde de l'emploi). Deux sur trois jugent également qu'elle est moins traumatisante pour les salariés, mais ce n'est pas pourtant qu'ils jugent que la politique du gouvernement soutient leurs forces vives. Seuls 4% des interrogés estiment que le volet "sécurité" est favorisé par l'exécutif, quand 61% pensent qu'il soutient davantage les entreprises en leur donnant plus de flexibilité.

 

Les chefs entreprise satisfaits de la politique gouvernementale

Au-delà du droit du travail, les chefs d'entreprise ont une opinion positive du président de la République. Plus de six sur dix déclarent être satisfaits de l'action d'Emmanuel Macron, un score inférieur à la période de grâce post-présidentielle (75% en juin) mais en nette progression depuis septembre dernier (+10 points). 
Ce jugement plus favorable s'explique probablement en partie par le sentiment montant que la priorité économique gouvernementale est donnée à la flexibilité pour les entreprises au détriment bien trop souvent de la qualité de vie des salariés et des droits acquis durant 30 ans.




Rappelons que les grands groupe ne se sont jamais aussi bien portés et que la répartition des bénéfices n'a jamais été aussi faibles....le CAC40 a encore  rapporté pour les investisseurs et que 2017 a été une année très faste pour ceux-ci ....

Est-ce cela l'évolution pour le bien de tous ? ...a une époque ou l'on parle de "offshorisation des emplois devons nous regarder sans réagir , voir nos emplois partir dans des pays qui ne font même pas partie de l'union européenne ? 

Quelle suite ? la réforme de l'assurance chômage ....?
La RCC est une première étape, la réforme de l'assurance chômage en préparation va contribuer à fragiliser les salariés. Que va t-elle proposer, une assurance universelle moins avantageuse, l'impossibilité de refuser plus de deux offres d'emplois sinon la radiation...



Source RCC: la tribune.fr 

lundi 29 janvier 2018

#Observatoire des inégalités - mettre de côté pour ces vieux jours? ....


Qui met de l’argent de côté et combien ?

Alors que l'état du fait de la diminution des charges sur les salaires nous promet une hausse des salaires pour tous , hausse que devrait prendre en charge notre employeur et ceci en vue des bénéfices toujours plus haut et toujours plus fort année après année une analyse intéressante sur ceux qui peuvent ou pourront sans intéressement voir participation se constituer un bas de laine pour ces vieux jours.



Analyse:
L’épargne moyenne par ménage varie de 7 % des revenus à 28 %, selon que l’on appartient aux 20 % les plus pauvres ou au 20 % les plus riches. Un phénomène qui génère d’autres inégalités en termes de capacité à se représenter sereinement l’avenir ou à se constituer un patrimoine. Extrait du Centre d’observation de la société.

Qui gagne suffisamment d’argent pour en mettre de côté ? Sur ce sujet pourtant essentiel, on dispose de très peu de données, mais une étude de l’Insee [1] permet d’en savoir un peu plus. Les données portent sur l’année 2011, mais ce type de grandeur varie peu au fil du temps. Tous types de familles confondus, les ménages français ont perçu 45 000 euros [2] en moyenne, en ont dépensé 37 500 et ont mis de côté 7 500 euros, soit 17 % de leurs ressources.

Mais ces données moyennes masquent des écarts importants.
L’épargne augmente avec l’âge jusqu’à 60 ans. Les revenus s’accroissent au fil de la vie professionnelle et les dépenses diminuent à la cinquantaine du fait du départ des enfants notamment : le niveau de l’épargne est alors à son maximum. Avec le passage à la retraite, on entre dans une nouvelle phase. 
Les revenus baissent nettement, ainsi que les dépenses de consommation et l’épargne. À partir de 70 ans, les revenus diminuent encore, mais moins que les dépenses, ce qui fait que l’épargne augmente à nouveau légèrement.
En matière de bas de laine, c’est le revenu qui fait la différence. Les 20 % du bas de l’échelle épargnent en moyenne 1 500 euros par an, soit l’équivalent de 7 % de leurs ressources. Ces 20 % rassemblent à la fois des ménages totalement démunis, qui ne font aucune économie, et des familles modestes, qui ne dépensent pas l’ensemble de leurs revenus et donc épargnent. 
À l’opposé, les 20 % les plus riches épargnent en moyenne 22 800 euros chaque année, soit presque 30 % de leur revenu ou encore l’équivalent de l’ensemble des revenus annuels des 20 % les plus pauvres. 
À l’intérieur de ce cinquième le plus riche, les écarts sont encore plus grands : on y trouve aussi bien le haut des couches moyennes que les ménages les plus riches du pays, dont les économies sont largement supérieures à 22 800 euros par an.

Les données par milieu social distinguent d’abord les non salariés (artisans, commerçants, etc.) dont les revenus et l’épargne sont très supérieurs aux autres catégories sociales. Outre le fait que les données sont difficilement comparables pour des types de revenus différents (entre des revenus d’activité non salariée et des salaires), une partie des économies des non-salariés sert à se prémunir contre des aléas plus importants sur un plan professionnel. Les écarts de revenus sont majeurs entre les indépendants peu fortunés et les plus aisés, en particulier. 

Parmi les salariés, les cadres supérieurs se détachent du lot, avec des revenus très élevés (plus de 75 000 euros en moyenne) et une épargne de 16 000 euros par an, soit plus d’un cinquième de leurs revenus, alors qu’ils dépensent 59 000 euros par an. À l’opposé, employés et ouvriers ne mettent respectivement que 4 700 et 7 000 euros de côté en moyenne chaque année. 

 

Ces chiffres permettent aussi de comprendre l’importance de l’imposition progressive des revenus, celle dont le taux augmente avec le niveau de ressources. Plus ces dernières augmentent, moins leur utilité est grande pour les ménages : dix euros de minima sociaux sont immédiatement dépensés en éléments essentiels pour la vie de tous les jours alors que la même somme va grossir l’épargne ou la consommation accessoire des plus aisés.

Seule des impositions croissantes permettraient de rebattre les cartes des inégalités dans le temps, de limiter quelque peu la constitution de « dynasties » par le biais de l’épargne, et en permettant de pouvoir placer via des répartitions plus juste comme toucher l'intéressement afin de pouvoir répartir justement le gain des efforts de tous salariés cadre ou non. 

Mais pour cela faudrait il que nos employeurs acceptent de moins toucher et de moins reverser aux CAC 40, ce qui n'est plus le cas depuis quelques années maintenant et qui pourtant est encore en hausse et pour infos la hausse la plus haute  datant de 2017......et oui toujours plus mais pas pour tous......

 Bonne journée 

En savoir plus et lire le dossier complet ici:
Source: https://www.inegalites.fr/Qui-met-de-l-argent-de-cote-et-combien

vendredi 26 janvier 2018

#Dossier du Vendredi # Burn Out #Brown Out ou le Syndrome des conditions de travail et fatigue...

Après le burn-out et le bore-out, voici le brown-out



Cette nouvelle pathologie touche le salarié laminé par l’absurdité quotidienne des tâches à accomplir. 


Reconnaissons au moins ce mérite au monde du travail : il produit des pathologies professionnelles sans cesse renouvelées, résultant du caractère protéiforme des tortures qui sont infligées au salarié. Cousin éloigné de l’antique bûcher, le burn-out, cette « consumation » par excès d’investissement, est désormais entré dans le langage courant. Le mail professionnel reçu à 1 heure du matin – et auquel on se sent obligé de répondre – participe de cette dynamique crématoire qui finira par transformer l’employé trop zélé en petit tas de cendres fumantes.

Si, en revanche, votre entreprise ne vous donne rien à faire, vous risquez alors d’être aspiré dans un tourbillon de vacuité que l’on nomme le bore-out. Nous ne sommes pas loin, dans ce cas, d’une forme de réinterprétation des oubliettes médiévales, où l’on tentait vainement de tromper l’ennui en jouant au morpion avec les os de ses prédécesseurs.


Baisse de courant psychique
A côté de ces deux formes chatoyantes de négation de l’individu, par le feu de l’hyperactivité et par le rien, il faut en ajouter une troisième, qui émerge aujourd’hui telle une nouvelle évidence. Son nom ? Le brown-out. Cette baisse de courant psychique peut être envisagée comme une sorte de dévitalisation provoquée par l’absurdité quotidienne des tâches à accomplir.
Au cœur de cette forme réactualisée d’écartèlement psychique, la perspective d’un salaire régulier finit par entrer en opposition avec le caractère rebutant des missions qui vous sont confiées. Mettre la pression sur les échelons inférieurs comme si vous étiez un garde-chiourme du bagne de Cayenne, travailler pour un client dont vous savez pertinemment que l’action produit un effet néfaste sur la marche du monde, se prosterner devant les chiffres et favoriser ainsi l’avancée de cette froide logique statistique devenue étalon existentiel : les occasions de participer à l’édification d’un monde qu’on exècre sont légion en entreprise

La pire part de soi-même
Au final, toutes ces actions répétées qui heurtent vos valeurs profondes fertilisent le terrain du brown-out et conduisent à votre désinvestissement progressif. Ce mouvement de retrait est logique lorsque l’on constate que la vie de bureau sollicite non pas la meilleure, mais la pire part de soi-même.
Dans leur ouvrage The Stupidity Paradox (Pearson, non traduit), les chercheurs britannique et suédois André Spicer et Mats Alvesson étudient cette mécanique surprenante qui veut que les entreprises recrutent des diplômés brillants pour exiger d’eux, au final, qu’ils mettent leur cerveau en sommeil. Ces jeunes travailleurs qui s’attendaient à des tâches stimulantes se retrouvent alors à faire la danse du Powerpoint pour tenter d’hypnotiser les clients, dans un climat intellectuel para-prostitutionnel.

Détection du brown out 
Il y a des secteurs dans l'entreprise particulièrement touchés par le brown out, en particulier les ressources humaines et les domaines financiers. Rien d'étonnant à ce qu'un manager qui touche une prime chaque fois qu'il fait des coupes budgétaires ou licencie un salarié ait du mal à trouver du sens à ce qu'il fait. On assiste alors à un véritable sentiment d'écartèlement, entre le bénéfice retiré (salaire régulier, primes) et le sentiment de mener des tâches contre-productives et vides de sens. Contrairement au bore-out, qui est un épuisement du salarié par ennui, ou au burn out, qui lui aussi vide le salarié de son énergie, à cause de l'amplitude de sa tâche et de la pression qu'il subit, le brown out, lui, laisse le salarié tout à fait alerte et capable. Seulement, il trouve que son travail est absurde et perd toute motivation pour le réaliser.

Symptômes du brown out 
La perte de motivation est donc le symptôme numéro 1 du brown out. Le salarié traîne les pieds, procrastine, refuse de s'investir, s'ennuie en réunion. Il ne manifeste aucun intérêt pour ce qu'il fait, même s'il y passe du temps. Il a l'impression de s'être perdu en chemin, et ne sait même plus quelle orientation donner à sa carrière. Finalement, même sa vie familiale et sa vie sociale finissent par pâtir de ce désintérêt pour la vie professionnelle. Ce désintérêt se manifeste aussi par un absentéisme important et régulier : si avant, un rhume ne l'empêchait pas de venir au travail, désormais il enverra un certificat d'arrêt de travail. D'ailleurs, un salarié en brown out a tendance à tomber davantage malade.



Brown out : que faire ?
La meilleure chose à faire est d'en parler et alerter notamment les instances ou la direccte. Il se peut qu'un changement d'attitude permette de juguler le mal. Malheureusement un constat nous fait dire que le plus souvent, le brown out se traduit par un départ de l'entreprise via une démission ou une demande de rupture conventionnelle qui sont en hausse sur 2017....


Le Brown-ou serait il un outils de management ou processus pour se séparer de salariés ?
A votre avis ?  

Venez en discuter et faites nous part de vos difficultés ne restez pas seul !


Source et en savoir plus ici

jeudi 25 janvier 2018

#Ensemble et avec une volontée commune les combats se gagnent !


 Grâce à la CGT, Altran  société de service : devra verser 10 millions d’euros à 300 salariés !




La CGT Altran a enfin reçu le verdict du résultat de l’audience de la Cour d’appel de Toulouse, pour 300 salariés de Altran sud-ouest qu’elle défendait. Dans un communiqué, elle indique qu’elle « peut largement crier victoire ». Pour rappel, la CGT Altran avait réussi à faire condamner Altran Sud-Ouest :
-  pour rappels d’heures supplémentaires, de congés payés, de prime de vacances ;
-  pour clause de loyauté requalifiée en clause de non concurrence illégale ;
-  pour travail dissimulé ;
-  pour démissions motivées requalifiées en licenciement abusif ;
-  pour exécution fautive du contrat de travail ;
-  à rectifier tous les bulletins de paye ;
-  à verser des dommages et intérêts à la CGT qui soutenait les dossiers ;
-  à payer les frais de procédure ;
-  pour harcèlement et pour licenciement nul dans au moins un des dossiers... La chambre sociale de la cour d’appel de Toulouse a donc validé la quasi-totalité des demandes de la CGT. L’entreprise devra donc débourser près de 10 millions d’euros pour 300 salariés. « Cela pourrait amener Altranà se pourvoir en cassation pour des raisons purement dilatoires », avertit cependant la CGT Altran. Et d’ajouter que cette victoire ne concerne que les 300 premiers dossiers : la totalité des dossiers de la CGT Altran excède le millier… Cependant, quand bien même Altran Sud-Ouest esterait en Cour de cassation, un premier jugement devant cette même Cour avait été rendu le 4 novembre 2015, qui donnait raison aux salariés, sur le seul litige des heures supplémentaires. 

Rappel a voir et revoir !


 Le juge a estimé que « l’employeur ne justifie pas du temps de travail effectivement réalisé compte tenu du système défectueux de suivi du temps de travail ». La CGT Altran averti aussi qu’elle envisage de nouvelles actions pour contraindre la SA Altran technologies à payer toutes les heures supplémentaires effectuées par ses ingénieurs.

Rappelons que nous ne pouvons pas tout faire unitairement mais qu'ensemble et en présence des salariés et de tous les salariés cadre ou non nous pouvons faire respecter les droits de tous  pour le bien de tous !

 Bonne fin de semaine

ENSEMBLE TOUT EST POSSIBLE 


Source:cgt.fr et altran cgt le 24/01

mercredi 24 janvier 2018

#Egalité Professionnelle en entreprise






C’est bien simple, en terme d’égalité professionnelle 60% des entreprises ne respectent pas la loi et seules 0,2% ont été sanctionnées. Face à ce constat alarmant, la CGT a créé egalite-professionnelle.cgt.fr. Le site permet notamment de vérifier si votre entreprise est dans la légalité et d’agir concrètement.
La loi impose en effet à toutes les entreprises d’au moins 50 salarié·e·s d’avoir un accord ou un plan d’action unilatéral de l’employeur sur l’égalité femmes/hommes. Cet accord ou ce plan d’action doit respecter plusieurs obligations. En l’absence de respect de ces dernières, l’entreprise peut être sanctionnée d’une amende pouvant atteindre 1 % de la masse salariale par l’inspection du travail (Direccte).

En cas de non-respect, le site egalite-professionnelle.cgt.fr met à disposition des courriers types pour exiger l’ouverture de négociation sur l’égalité professionnelle dans l’entreprise et demander la mise en œuvre des sanctions par l’inspection du travail si l’entreprise n’a pas d’accord ou pas de plan d’action ou si ces derniers ne sont pas conformes à la loi.
Le site propose également de comprendre les mécanismes d’inégalités, à travers 5 vidéos réalisées grâce à l’apport d’universitaires spécialistes de l’égalité femmes-hommes. Pour se défendre il faut connaître ses droits, c’est pourquoi les utilisateurs peuvent trouver un rappel des droits des femmes salariées sur les discriminations à l’embauche et dans la carrière, la maternité et la parentalité, ou encore le sexisme et les violences.



Une série d’outils pour aider les salarié·e·s à gagner des mesures en faveur de l’égalité femmes-hommes est également proposée : notamment un accord type comprenant toutes les mesures à mettre en œuvre pour supprimer les inégalités et les violences, un guide complet de la négociation, un guide d’action contre les violences au travail, une banque d’accords pour recenser les entreprises et les branches ayant mis en place des mesures positives de façon à pouvoir les généraliser, ou un calculateur pour savoir combien de femmes et d’hommes faire figurer sur les listes aux élections professionnelles.
2 186 c’est l’année où, si l’on continue à ce rythme, les inégalités femmes-hommes seront enfin résorbées. Alors agissons dès maintenant !




vendredi 19 janvier 2018

#IT et stockage des données

Vue le le web - Source ZDnet
 

Les secteurs de l'intelligence artificielle et du stockage des données numériques seront prochainement intégrés au décret Montebourg qui réglemente déjà les prises de participation par des acteurs étrangers à des entreprises françaises travaillant dans les secteurs de l'énergie, de l'eau, des transports, des télécoms et de la santé publique a mentionné le ministre de l'Economie lors de ces vœux a la presse.
L'ajout de la protection des données et de l'IA au décret ne bloquerait pas les investissements étrangers, mais le soumettrait à l'approbation du gouvernement. 

se pose la question fondamentale: Comment et par qui seront surveillés ces échangent ? 
 
La France compte par ailleurs demander à la Commission européenne, avec ses partenaires italien, espagnol et allemand, de préparer un règlement sur les investissements étrangers en Europe. 
"Nous devons (...) nous doter des mêmes armes que nos grands partenaires économiques pour défendre nos intérêts économiques stratégiques" a t-il mentionné, affirmant que la France restait "une nation ouverte".

"Ouverture ne veut pas dire pillage"
"Mais ouverture ne veut pas dire pillage de nos technologies, de nos compétences, de nos savoir-faire" a le Ministre de l'économie, affirmant que la France mettait en place "une nouvelle doctrine de l'investissement".
Ces déclarations font suite au voyage du président français et de son ministre de l'économie en Chine. En fin de semaine dernière, le ministre de l'économie avait mentionné que l'investissement chinois est bienvenu en France, à condition de ne pas "piller" la technologie française.

"Si les investisseurs viennent en France ou en Europe pour accéder à la meilleure technologie sans bénéficier ni à la France ni à aucun autre pays européen, ils ne sont pas les bienvenus" avait dit lors de son voyage en Chine notre Ministre selon Bloomberg. 

Le déficit commercial de la France vis à vis de la Chine est de 30 milliards d'euros.
La Chine "affirme sa puissance" dans des domaines tels que les données numériques et l'intelligence artificielle a dit le Ministre de l'économie mentionnant au passage que "la capitalisation des GAFA représente deux fois la richesse de notre pays". 
Le ministre prédit "un nouvel ordre économique mondial dans les cinq prochaines années".

Mais avec quelles sécurités pour les échangent et le partage des données? Rien sur sur sujet ne transparait et en vue des dernières affaires, on ne peut que  souhaiter que cela ne sera pas juste des mots mais que du contenu et un vrai plan d'investissement avec un controle sérieux des processus et données soit dans les cartons.

En effet au sujet des données , de la confidentialité la loi Sapin 2 dont toutes les entreprises doivent s'accaparer étant responsables des données et des fuites possible doit mettre en place toute une batterie de filtre et de sécurité afin de pouvoir le cas échéant protéger ces propres salariés.
Cette loi contient également des éléments concernant le droit de libre expressions des salariés.
Pour rappel sur le contenu de la loi SAPIN 2 qui doit être appliqué au plus tard en Mai de cette année voici ce que cet article de  loi demande d'appliquer a toutes les entreprises et bien entendu a communiquer , ceci pour notamment  "protéger" notamment ce que l'on appelle les lanceurs d'alertes.

 Des mesures et procédures préventives a mettre en place et a communiquer aux salariés interne ou externes a l'entreprise (y compris les prestations):

1° un code de conduite définissant et illustrant les différents types de comportements à proscrire comme étant susceptibles de caractériser des faits de corruption ou de trafic d’influence ;
2° un dispositif d’alerte interne destiné à permettre le recueil des signalements émanant d’employés et relatifs à l’existence de conduites ou de situations contraires au code de conduite de la personne morale ;
3° une cartographie des risques prenant la forme d’une documentation régulièrement actualisée et destinée à identifier, analyser et hiérarchiser les risques d’exposition de la personne morale à des sollicitations externes aux fins de corruption, en fonction notamment des secteurs d’activités et des zones géographiques dans lesquels la personne morale exerce son activité ;
4° des procédures d’évaluation de la situation des clients, fournisseurs de premier rang et intermédiaires au regard de la cartographie des risques ;
5° des procédures de contrôles comptables, internes ou externes, destinées à s’assurer que les livres, registres et comptes ne sont pas utilisés pour masquer des faits de corruption ou de trafic d’influence. Ces contrôles peuvent être réalisés soit par les services de contrôle comptable et financier propres à la personne morale, soit en ayant recours à un auditeur externe à l’occasion de l’accomplissement des audits de certification de comptes prévus à l’article L. 823-9 du code de commerce ;
6° un dispositif de formation destiné aux cadres et aux personnels les plus exposés aux risques de corruption et de trafic d’influence ;
7° un régime disciplinaire permettant de sanctionner les salariés de la personne morale en cas de violation du code de conduite de la personne morale.

 A suivre....  Bonne fin de semaine
 

mercredi 17 janvier 2018

#Conditions de Travail - Ou en sommes nous ?

L'assurance-maladie publie ce mardi une nouvelle étude sur l'ampleur des troubles psychosociaux. 



C'est un risque particulièrement élevé pour les femmes et les employés dans le secteur médico-social, les transports de voyageurs, le commerce de détail.

Selon une étude publiée ce mardi par la branche AT-MP (risques professionnels) de l'assurance-maladie, il y a eu 10.000 accidents du travail pour « troubles psychosociaux » en 2016, sur un total de 626.000 accidents avec arrêt. 
 
La dépense annuelle de la branche pour les affections psychiques (stress, violences dans l'organisation ou face au public...) n'est d'ailleurs que de 230 millions d'euros, à comparer au  milliard d'euros des lombalgies et aux  800 millions d'euros des troubles musculo-squelettiques

Mais le phénomène n'en est pas moins inquiétant.

Primo, il y a une sous-déclaration de la nature « psychosociale » des accidents. 
La réalité serait plus proche de 20.000 que de 10.000 cas par an, selon l'assurance-maladie. 

Secundo« dans un contexte général de réduction de la sinistralité au travail, la part des affections psychiques dans l'ensemble des accidents du travail a progressé entre 2011 et 2016 de 1 % à 1,6 % », selon l'étude. La montée de ce risque coïncide avec  une mutation plus globale des risques  : le poste de travail des ouvriers à l'usine est de plus en plus sûr, alors que les conditions de travail dans les services se tendent.




Les cadres mieux immunisés
Selon Santé publique France, les employés sont la catégorie professionnelle qui connaît « le plus grand déséquilibre entre efforts et récompenses au travail »
Résultat, cette catégorie est aussi la plus touchée par les affections psychiques, avec environ 85 cas pour 100.000 personnes, devant les ouvriers qualifiés (60 cas) et non qualifiés (40 cas). Les mieux immunisés sont les cadres, techniciens et agents de maîtrise (20 cas). Toutefois, cette population avertie est aussi celle chez qui les affections psychiques prennent le plus d'importance : près de 2,5 % du total des accidents du travail.

La fréquence des troubles est maximale chez les femmes trentenaires et chez les hommes quadragénaires, puis elle décroît avec l'âge. Les victimes sont le plus souvent des femmes (60 %), autour de 40 ans. Cela s'explique par la surreprésentation féminine dans les secteurs à risque. L'assurance-maladie en a repéré une douzaine, concentrant 70 % des affections psychiques pour 40 % des salariés en France.

Dépourvus de moyens ou agressés
La sphère médico-sociale regroupe 18 % des troubles à elle seule, avec les maisons de retraite et autres établissements, puis l'action sociale, et enfin la santé. Infirmiers, aides-soignants, assistants sociaux côtoient la maladie et la mort tous les jours, mais se sentent souvent dépourvus pour accomplir leur mission.
Viennent ensuite les transports (15 % des cas), le commerce de détail (13 %), des métiers traumatisés par les agressions. Les activités de courrier et de livraison sont moins visibles (5 %), mais c'est là que la fréquence des troubles est la plus élevée. L'assurance-maladie note que ces secteurs figurent aussi parmi les grands pourvoyeurs d'arrêts maladie avec délivrance de médicaments psychotropes.

En cas d'exposition prolongée, les salariés souffrant de troubles psychosociaux liés au travail,  comme un burn-out , peuvent les faire reconnaître comme des maladies professionnelles. 

Le nombre de demandes a d'ailleurs plus que quintuplé en cinq ans, de 200 en 2012 à 1.100 en 2016. 
Les durées moyennes d'arrêt sont alors supérieures à un an (400 jours), contre 112 jours en accident du travail. 

Voilà qui devrait inciter les entreprises à renforcer la prévention.

En savoir plus sur https://www.lesechos.fr/economie-france/social/0301150956878-les-affections-psych

mardi 16 janvier 2018

#Ensemble tout est possible - Extrait de vie et de combat pour la justice sociale

Marie-Laure Dufresne-Castets : « Dès que les gens prennent conscience de leur force, ils gagnent »


Photo: Don Quichotte Éditions

Avocate des salariés depuis plus de trente ans, elle a combattu auprès des salariés de PSA, Continental, Moulinex, McDonald’s… 


Dans son dernier ouvrage Un monde à gagner, elle raconte ses luttes et ses procès, appelant à combattre la justice des puissants, accentuée par la réforme en cours du Code du travail.

Dans votre livre, vous écrivez que le droit n’est pas neutre, que « le droit n’est pas juste et équitable en soi ». Comment l’avez-vous construit en tant qu’outil politique ?


MARIE-LAURE DUFRESNE-CASTETS Le droit est un instrument parmi d’autres pour mener la bagarre. Le droit est un instrument politique. C’est la conception politique que l’on en a qui fait du droit ce qu’il est. Le très grand juriste Gérard Lyon-Caen disait que « le droit est une technique réversible ». Le droit tel que nous le pratiquons ne ressemble pas au droit tel que le pratiquent les avocats d’employeurs. À travers le droit, nous poursuivons une finalité : plus de justice, plus d’égalité. Nous avons choisi notre camp, celui des travailleurs. Le droit dont nous nous servons, que nous tâchons de conforter, est les droits qui garantissent les travailleurs. C’est en cela que c’est un instrument politique. 
Au jour le jour, et dans chaque instant de la vie des personnes, des questions de droit se posent. Le droit, c’est l’organisation de la vie sociale. La manière dont on conçoit ce droit-là est un point de vue politique.

En complément du droit, des décisions de justice obtenues, le rituel est aussi important dans la profession. Comment l’utilisez-vous ?

MARIE-LAURE DUFRESNE-CASTETS La substance du droit, c’est l’outil. Mais il existe d’autres outils à travers la forme et les rituels utilisés dans notre profession. Une plaidoirie, c’est une forme de tribune. Je porte la parole de ceux qui sont là, je suis transparente. 
Je porte leur combat. Mais, par moments, notre plaidoirie est indifférente au tribunal, quelle que soit sa qualité. Je songe à l’affaire des 9 salariés de PSA Poissy. 
Le tribunal correctionnel de ­Versailles était indifférent à nos arguments. Parfois notre rationalité les ­dérangeait. 
Lorsque je réclamais des preuves sur certains points, je les agaçais profondément parce que, bien sûr, c’était impossible de les apporter. 
Dans ces cas-là, la plaidoirie a pour fonction autant de restituer la dignité de ceux qui sont traduits injustement en justice que de les défendre. 
Ce qui n’exclut pas la défense, qui doit être la plus sérieuse au monde. 
Par respect pour ceux que je défends et pour tenir en respect les adversaires. Il y a des juges qui méritent ce respect-là. 
Pas tous les magistrats : ce sont souvent des petits notables qui ont un manque de rigueur. 
Ce sont des gens qui sont en position de grand pouvoir et ça peut les perturber.

Parfois, comme en Martinique, le procès d’une syndicaliste peut être une tribune pour le mouvement social face à la volonté de répression patronale…

MARIE-LAURE DUFRESNE-CASTETS Ghislaine Joachim-Arnaud est secrétaire générale de la CGT Martinique, l’un des acteurs principaux de la grève de 2009 (1). 
Elle a été un symbole de la grève, elle a mené les négociations, était en tête des manifestations. C’est un personnage important et très connu en Martinique.
Une personnalité très forte, séduisante, intelligente et chaleureuse. Les békés (propriétaires terriens et descendants des premiers colons des Antilles) n’ont pas digéré la grève de 2009. 
Il leur fallait donner un coup à ceux qui avaient été reconnus comme les triomphateurs dans cette grève, les travailleurs. 
Ghislaine était une personne toute désignée. Invitée à une émission télévisée, elle avait dédicacé le livre d’or en créole, reprenant la phrase scandée tout au long de la grève : « La Martinique est à nous, pas à eux, une bande de békés profiteurs et voleurs, nous allons les foutre dehors. » Ghislaine Joachim-Arnaud a été poursuivie par une association de békés pour incitation à la haine raciale. 
Une arrière-petite-fille d’esclave était poursuivie en correctionnelle par les arrière-petits-enfants des esclavagistes pour incitation à la haine raciale : la situation ne manquait pas de piquant. Le parquet a suivi car ses intérêts étaient les mêmes.
.....
Nous étions quatre avocats : un Guadeloupéen, deux Martiniquais et moi. La présidente était extrêmement méprisante et violente à l’égard de la salle. 
D’entrée de jeu, elle s’est adressée de manière condescendante à Ghislaine, qui est une grande femme très digne s’exprimant très bien. 
Assez vite, le rapport de forces verbal s’est inversé. Le tribunal est un lieu public. 
C’est là que le tribunal peut être l’occasion d’inverser les images, de donner la parole à ceux qu’on essaie de faire taire en permanence. 
Le procès, c’est tout un rituel. En s’appuyant dessus, on peut faire passer beaucoup de choses. Car ce rituel est fondé sur des notions qui ne sont pas fausses. C’est-à-dire qu’il y a l’équilibre des armes, « l’égalité des armes », dit la Cour européenne des droits de l’homme. Même si ce n’est pas le cas dans la réalité.

Pourquoi la colère des salariés et des ouvriers est-elle ­régulièrement réprimée, tandis que la violence patronale n’est jamais dénoncée ?

MARIE-LAURE DUFRESNE-CASTETS La colère ouvrière est réprimée même quand il n’y a rien à reprocher. La population est accusée de la violence qu’elle subit. 
C’est très impressionnant. 
Dès qu’un salarié dit un gros mot dans une entreprise, alors qu’on sait comment les chefs s’adressent aux salariés, on en fait tout un pataquès. Et les juges de s’ébahir… 
Je suis toujours exaspérée de les voir réagir comme ça : ils sont allés dans une usine ? 
Ils ont vu comment le chef parle aux ouvriers ? 
Quand on interdit à un ouvrier d’aller aux toilettes parce que ce n’est pas l’heure de la pause ?  On a ajouté au fordisme maintenant le lean management. 
Le fordisme est déjà une horreur. C’est transformer les hommes en machines. 
C’est les Temps modernes de Chaplin. Mais le lean management est venu s’y ajouter. 

Rappel "Le Lean Management: 

C’est un mode de gestion de la recherche de la performance optimale dans un contexte de demande changeante. Le lean se présente comme l’alternative au modèle taylorien, conçu, lui, pour un mode de production de masse, stable. L’entreprise en attend une grande souplesse, par une capacité à reconfigurer en permanence ses processus techniques, organisationnels et son management. Le modèle Toyota, initié dans les années 1970 au Japon, est la référence copiée par de plus en plus d’entreprises en France. Résumer le lean est difficile et trompeur. La chasse au gaspillage en est une caractéristique importante, à l’origine de nombreuses tensions sociales sur ce qu’il convient de qualifier d’"opérations de travail inutiles". Mais le lean est fait de beaucoup d’autres applications, dont la cohérence suppose l’existence d’un mode de pensée, d’une doctrine. Si des applications sont visibles dans les entreprises depuis les années 1990, c’est cette adhésion à la doctrine qui gagne du terrain aujourd’hui mais attention car la recherche de la qualité et du coup le moins chers possible n'est bien souvent pas compatible et on ne peux pas sous prétexte d'ouverture supprimer les responsabilités et tâches de chacun car cela arrive a une paupérisation de tous, plus personnes ne sachant réellement qu'elle est sa place dans la société pratiquant cette doctrine et donc sans aucunes stabilités des processus et des fonctions.

MARIE-LAURE DUFRESNE-CASTETS Quand je plaide sur les accords de compétitivité, on plaide comme exemple chez Renault l’usine de Sunderland en Grande-Bretagne, créée sous Thatcher dans la région au plus fort taux de chômage. Le rêve de Ghosn est que les usines françaises ressemblent à Sunderland. 
Mais, là-bas, la moyenne d’âge est de 28 ans car il y a un turnover considérable. Quand les ouvriers sont usés, ils s’en vont.
 Et on en prend d’autres. Chaque opération doit durer moins de 24 secondes. C’est calculé, inscrit. C’est la règle. Quand dans les usines françaises on produisait 60 voitures par salarié par an, on en produisait 118 à Sunderland.

Vous témoignez de l’accentuation des recours juridiques contre les salariés et les syndicalistes. Comment les avez-vous vu grossir ?

MARIE-LAURE DUFRESNE-CASTETS C’est concomitant à la montée du libéralisme. Quand l’État social se défait, l’État policier se conforte. Quand on met à bas les lois sociales, qu’on défait les services publics, qu’on donne des coups de serpe dans le maillage qui permet aux moins favorisés de s’en sortir et qui fait que la société est un peu moins cruelle, quand on défait tout cela, on provoque la révolte. Et donc il faut prévoir de pouvoir la mater. Je crois que les lois comme celle sur la sécurité intérieure, toutes ces lois qui renforcent le pouvoir de la police, vont dans le même sens. Dans le livre je fais un parallèle entre la défaisance du droit social et le renforcement d’un droit répressif. Il y a une logique à tout cela. Quand j’écrivais il m’est revenu en mémoire que la première fois que ­Renault a envoyé des syndicalistes au pénal, c’était à partir de 1986, quand la privatisation de la Régie avait été envisagée. Après une grève, les ouvriers ont fait une « descente au bureau » du chef pour demander des comptes. C’était une tradition ouvrière. La direction leur a reproché des violences, puisqu’on ne reproche jamais l’activité syndicale… Les « 10 de Renault » ont été licenciés, poursuivis et condamnés. La Cour de cassation a confirmé leur licenciement.
C’est aussi dans les années 1980 que la déconstruction du droit du travail a commencé…

MARIE-LAURE DUFRESNE-CASTETS La déconstruction du droit du travail ne date effectivement pas des ordonnances Macron. 
Depuis les années 1980 et les lois Auroux, sont apparus les accords dits dérogatoires. 
On a transformé la fonction des accords d’entreprise. 
Ceux-ci sont nés des accords de fin de conflit. Pour faire cesser la grève, on accorde des droits qu’on inscrit dans un accord, qui après fait la loi de l’entreprise. Les droits ont été acquis par la grève. Les accords d’entreprise étaient une institution solide. Jusqu’aux années 1980, les accords ne pouvaient qu’améliorer ou compléter la loi. 
Depuis les années 1980, la dérogation a commencé petitement. Maintenant, on est arrivé à une transformation. Avec les accords dits donnant-donnant, l’accord d’entreprise a été dénaturé. J’ai beaucoup plaidé contre les accords compétitivité Renault signés en 2013 et je plaide encore. Au prétexte du droit de l’emploi, avec ce gouvernement par la peur du chômage, on voit des salariés à qui on retire des quantités de droits : gel des salaires, temps de travail allongé, retrait des pauses, et des conditions de travail beaucoup plus dures. 
Au nom de l’emploi, ces accords Renault dits « de maintien dans l’emploi » ont réalisé la prouesse de faire partir 9 000 personnes, de supprimer 9 000 postes. Et dans le même temps on voit monter l’intérim. Des chaînes entières sont tenues par des intérimaires. On transforme l’emploi. On ne le défend pas. On précarise. Car les employeurs embauchent quand le carnet de commandes est plein. On agite juste le chiffon rouge de l’emploi comme prétexte pour abaisser les droits des travailleurs. Avec la rupture conventionnelle collective, on va toujours plus loin. Ce que je trouve rigolo, c’est que, pendant ce temps-là en Allemagne, les travailleurs de la métallurgie se battent pour les 28 heures hebdomadaires ! Avec Macron, on assiste à une destruction sur tous les plans : sur le terrain collectif avec la perte de toutes les petites garanties en matière de licenciement collectif, et sur le plan individuel avec le moins de recours possible. Et la barémisation des prud’hommes : on sécurise les employeurs pour qu’ils puissent faire ce qu’ils veulent. C’est comme dire à un voleur « quel que soit le vol que tu commets tu paieras 200 euros ». 
Du coup, vous pouvez voler 10 000 euros et ne risquer d’en payer que 200 ! 
C’est le prix de l’infraction !

Malgré les luttes qui continuent, des défaites, l’accroissement de la violence à l’égard de la classe ouvrière, vous dites « l’histoire n’est pas finie ». Pour vous, c’est l’heure d’agir ?

MARIE-LAURE DUFRESNE-CASTETS Les gens qui se battaient à la fin du XIXe siècle avaient des conditions qui n’étaient pas meilleures qu’aujourd’hui. Ils se sont battus et ont construit quelque chose. Je pense que ça va revenir. Aujourd’hui, pour l’instant, les idées de droite ont gagné. Mais qu’ils se disent bien que ce n’est qu’un instant. Le moyen, c’est que les gens prennent conscience. C’est vieux comme le monde. Je suis très classique dans mon raisonnement. Je suis une vieille marxiste classique. Dès que les gens prennent conscience de leur force, ils gagnent. Ces temps derniers, ça m’a fait plaisir de voir la victoire de ces personnes qui nettoyaient les trains à la gare du Nord. 
Elles ont compris que, quand elles s’arrêtent toutes, le patron est bien désemparé. 
Ce sont les travailleurs qui font la richesse. Si les travailleurs s’arrêtent, l’entreprise ne vit plus. C’est bête comme chou.
(1) Qui a notamment paralysé la Martinique pendant 38 jours.
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La lutte des classes au tribunal
Après s’être lancée dans le droit de la propriété intellectuelle, Marie-Laure Dufresne-Castets découvre le droit social, qui la passionne. L’avocate, qui a travaillé principalement avec la CGT, raconte ses batailles contre la montée du libéralisme, la sauvagerie « qui gagne chaque jour du terrain », la novlangue qui contamine l’opinion dans Un monde à gagner (Don Quichotte éditions, 283 pages, 18,90 euros).

Kareen Janselme
 Journaliste, rubrique social

source: UGICGT Janvier 2018