L'assurance-maladie
publie ce mardi une nouvelle étude sur l'ampleur des troubles
psychosociaux.
C'est un risque particulièrement élevé pour les femmes et
les employés dans le secteur médico-social, les transports de
voyageurs, le commerce de détail.
Selon une
étude publiée ce mardi par la branche AT-MP (risques professionnels) de
l'assurance-maladie, il y a eu 10.000 accidents du travail pour
« troubles psychosociaux » en 2016, sur un total de 626.000 accidents
avec arrêt.
La dépense annuelle de la branche
pour les affections psychiques (stress, violences dans l'organisation ou
face au public...) n'est d'ailleurs que de 230 millions d'euros, à
comparer au milliard d'euros des lombalgies et aux 800 millions d'euros des troubles musculo-squelettiques .
Mais le phénomène n'en est pas moins inquiétant.
Primo,
il y a une sous-déclaration de la nature « psychosociale » des
accidents.
La réalité serait plus proche de 20.000 que de 10.000 cas par
an, selon l'assurance-maladie.
Secundo, « dans un contexte général
de réduction de la sinistralité au travail, la part des affections
psychiques dans l'ensemble des accidents du travail a progressé
entre 2011 et 2016 de 1 % à 1,6 % », selon l'étude. La montée de ce risque coïncide avec une mutation plus globale des risques
: le poste de travail des ouvriers à l'usine est de plus en plus sûr,
alors que les conditions de travail dans les services se tendent.
Les cadres mieux immunisés
Selon Santé publique France, les employés sont la catégorie professionnelle qui connaît « le plus grand déséquilibre entre efforts et récompenses au travail ».
Résultat, cette catégorie est aussi la plus touchée par les affections
psychiques, avec environ 85 cas pour 100.000 personnes, devant les
ouvriers qualifiés (60 cas) et non qualifiés (40 cas). Les mieux
immunisés sont les cadres, techniciens et agents de maîtrise (20 cas).
Toutefois, cette population avertie est aussi celle chez qui les
affections psychiques prennent le plus d'importance : près de 2,5 % du
total des accidents du travail.
La
fréquence des troubles est maximale chez les femmes trentenaires et
chez les hommes quadragénaires, puis elle décroît avec l'âge. Les
victimes sont le plus souvent des femmes (60 %), autour de 40 ans. Cela
s'explique par la surreprésentation féminine dans les secteurs à risque.
L'assurance-maladie en a repéré une douzaine, concentrant 70 % des
affections psychiques pour 40 % des salariés en France.
Dépourvus de moyens ou agressés
La
sphère médico-sociale regroupe 18 % des troubles à elle seule, avec les
maisons de retraite et autres établissements, puis l'action sociale, et
enfin la santé. Infirmiers, aides-soignants, assistants sociaux
côtoient la maladie et la mort tous les jours, mais se sentent souvent
dépourvus pour accomplir leur mission.
Viennent
ensuite les transports (15 % des cas), le commerce de détail (13 %),
des métiers traumatisés par les agressions. Les activités de courrier et
de livraison sont moins visibles (5 %), mais c'est là que la fréquence
des troubles est la plus élevée. L'assurance-maladie note que ces
secteurs figurent aussi parmi les grands pourvoyeurs d'arrêts maladie
avec délivrance de médicaments psychotropes.
En cas d'exposition prolongée, les salariés souffrant de troubles psychosociaux liés au travail, comme un burn-out
, peuvent les faire reconnaître comme des maladies professionnelles.
Le
nombre de demandes a d'ailleurs plus que quintuplé en cinq ans, de 200
en 2012 à 1.100 en 2016.
Les durées moyennes d'arrêt sont alors
supérieures à un an (400 jours), contre 112 jours en accident du
travail.
Voilà qui devrait inciter les entreprises à renforcer la
prévention.
En savoir plus sur https://www.lesechos.fr/economie-france/social/0301150956878-les-affections-psych
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire