Coup d'envoi du marathon des négociations sociales
PARIS (Reuters) - Les partenaires sociaux ont entamé jeudi un
marathon de négociations pour parvenir à deux accords sur les réformes
de l'assurance chômage et de la formation professionnelle, un exercice
incertain qui déterminera le sort des prochains chantiers sociaux du
quinquennat d'Emmanuel Macron.
"C'est un marathon mais je pense
que ça se terminera sur un sprint", a dit à Reuters le secrétaire
national de la CFE-CGC, Jean-François Foucard, à propos de cette série
de rencontres hebdomadaires entre organisations syndicales et patronales
qui devrait s'achever le 16 février.
Le gouvernement, qui leur a
soumis des documents d'orientation pour guider leur réflexion sur les
deux dossiers, attend leurs propositions pour présenter un projet de loi
au printemps. Ce projet intégrera également des mesures pour réformer
l'apprentissage.
Pour le secrétaire confédéral de Force ouvrière, Michel Beaugas, la réussite de l'exercice demeure incertaine.
"Quand
on entre en négociation, c'est pour trouver un accord. Là, ça va être
difficile de trouver un accord pour tout", a-t-il dit à Reuters.
Ce
propos s'applique surtout à l'assurance chômage. Le gouvernement a
demandé aux partenaires sociaux de proposer un dispositif pour inciter
les entreprise à limiter le recours aux contrats courts. Il préconise le
bonus-malus, principe qui vise à pénaliser les entreprises qui engagent
trop en CDD et à encourager celles qui favorisent les CDI.
C'est
justement ce sujet qui avait bloqué les négociations sur la convention
de l'Unédic au printemps dernier. Le patronat craint la pénalisation des
secteurs dont le modèle économique nécessite l'utilisation des contrats
courts.
Le gouvernement a toutefois assuré qu'il imposerait son
propre dispositif s'il jugeait que le système proposé n'était pas
suffisamment efficace.
UN ACCORD DIFFICILE
Les autres sujets portant sur l'assurance chômage ne semblent pas plus consensuels.
Le
gouvernement souhaite renforcer le contrôle des chômeurs, avec le
soutien du Medef. Sur ce sujet, la CFDT se dit prête à plus
"d'accompagnement" mais la CGT dénonce une "logique de chantage" et une
stigmatisation des demandeurs d'emploi.
"C'est un sujet très polémique. Certains pourraient ne pas signer l'accord pour ça", précise Jean-François Foucard.
Le gouvernement a prévenu les partenaires sociaux qu'il proposerait lui-même le barème et les modalités de sanctions.
Sur
la question de l'intégration des indépendants au régime, U2P et CPME,
qui n'étaient pas demandeurs de la réforme, ont prévenu que si la mesure
devait s'appliquer, elle devrait englober l'ensemble des indépendants,
un coût qui représenterait trois milliards d'euros, selon le Conseil
économique social et environnemental (CESE).
Pour la CGT, les
indépendants ne pourraient pas être traités différemment des autres
chômeurs en terme de montant de droits ou de financement.
Finalement,
le ministère du Travail souhaite "tous les cinq ans à sept ans" ouvrir
le régime aux démissionnaires qui ont un projet. Les organisations
syndicales préfèreraient élargir la liste des quelques cas de démission
donnant droit à une indemnisation de l'assurance chômage.
La
réforme de la formation professionnelle donne lieu, quant à elle, à plus
d'inconnues. Les chantiers à traiter sont nombreux: définition de
l'action de formation, financement, certification, prévision des besoins
en formation, apprentissage.
Devant l'ampleur de la tâche,
Jean-François Foucard se dit inquiet. "Les sujets cruciaux ne sont
toujours pas sur la table. On se demande si on pourra sortir quelque
chose de cohérent pour le 16."
Mais il ne doute pas de la
réactivité du gouvernement. "Ils ont un plan B.
Si on n'y arrive pas,
ils sortiront leur texte", dit-il.
(Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)
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