La ministre du 
Travail dévoile ce lundi ses arbitrages sur la formation 
professionnelle. Opposition et partenaires sociaux dénoncent un passage 
en force. 
C'est confirmé : la réforme de la formation 
professionnelle ne se fait pas sans douleur. 
Après les avoir reportés, 
la ministre du Travail, Muriel Pénicaud a présenté, ce lundi, les arbitrages très attendus du 
gouvernement sur la réforme de la formation professionnelle. Les droits à
 la formation figurant sur le compte personnel de formation (CPF), 
actuellement comptabilisés en heures, seront convertis en euros pour 
limiter les abus, et la collecte des fonds passera désormais par les 
Urssaf. Le texte conclu par les partenaires sociaux le 22 février n’a 
donc pas été repris dans sa totalité.
Ce passage en force 
suscite toujours autant de remous mais pas pour les mêmes raisons. Laurent Berger, le patron de la CFDT,
 et Pierre Gattaz, son homologue du Medef, se sont exprimés au cours du 
week-end pour faire part de leurs inquiétudes et mettre en garde le 
gouvernement face au « big bang » annoncé par la ministre. « Je dis au gouvernement : attention à ce que vous allez faire »,
 a déclaré le numéro un de la CFDT sur France Inter. 
En début de semaine
 dernière, Laurent Berger avait été d'une rare virulence contre le 
gouvernement dans une interview aux  « Echos » . 
Dans
 une tribune parue dans le « JDD », Pierre Gattaz milite de son côté 
pour un « big », à savoir aller plus loin dans les réformes déjà 
lancées, mais dénonce le « bang », c'est-à-dire le fait de « tout changer sans concertation ». Muriel Pénicaud devrait annoncer que  le CPF, compte personnel de formation, sera libellé en euros et non plus en heures
 .
 La Caisse des Dépôts devrait, de son côté, devenir la « banque du 
CPF », et les Opca, organismes collecteurs, voir leur mission 
transformée.
« Pas d'écoute »
Outre
 la question de fond, la méthode passe mal partout. Après les réactions 
virulentes des partenaires sociaux, qui ont dénoncé un gouvernement ne 
faisant aucun cas de leur accord, l'opposition politique dénonce un déni
 de démocratie. « La méthode du gouvernement prend la forme d'un 
débat, mais en réalité il n'y a pas d'écoute comme on peut le voir pour 
la formation professionnelle. C'est une majorité qui n'écoute 
qu'elle-même », dénonce le député socialiste Boris Vallaud. 
« La méthode employée donne totalement la main à l'Etat », 
confirme un bon connaisseur des négociations sociales, pour qui la place
 des accords professionnels dans le droit du travail va se poser. Au 
sein de la majorité, on assume cette façon de procéder : des 
discussions, puis un exécutif qui tranche. « Muriel Pénicaud met en 
oeuvre la méthode du gouvernement. On est dans une logique de 
transformation du pays. L'accord entre organisations représentatives 
n'allait pas assez loin », estime le député LREM, Adrien Taquet, membre de la Commission des affaires sociales. « Ce qui la fragiliserait, ce serait une promesse de big bang non tenue », ajoute son collègue LREM, Guillaume Chiche. 
Clore le chantier « travail »
Avant de passer dans le vif de la  réforme des retraites
 , la formation professionnelle vient clore le chantier « travail » 
lancé par l'exécutif sitôt son installation en mai 2017 et fer de lance 
d'Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle. Après le droit du 
travail l'année dernière, Edouard Philippe et Muriel Pénicaud se sont 
attelés à l'apprentissage, l'assurance-chômage et la formation 
professionnelle. Les deux premiers sujets ont fait l'objet d'un 
consensus avec les partenaires sociaux, pas le troisième. 
Le texte, qui devrait être présenté mi-avril en Conseil des ministres, complétera les ordonnances réformant le code du Travail, entrées en vigueur fin 2017 et qui donnaient plus de souplesse aux entreprises.
Ce
 couac sur la formation professionnelle ne sera pas sans conséquences 
pour les relations gouvernement-organisations représentatives pour la 
suite du quinquennat. Muriel Pénicaud s'est mis les partenaires sociaux à
 dos avec sa sortie sur le « big bang », la faisant entrer dans une « zone difficile »,
 selon un spécialiste des questions sociales. Aux yeux des syndicats, la
 réforme de la SNCF et celle de la fonction publique n'arrangent rien. 
Pour les partenaires sociaiux dont la CGT il s'agit une fois de plus de supprimer un acquis qui pour tous les salariés du privé ou du public et ce n'est pas acceptable...
"Il fragilise encore le monde du travail en érigeant  une 
individualisation totale des travailleurs, désormais, seuls responsables
 de leur employabilité". 
A qui le tour ?  les retraités ?? 

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