Oui vous avez bien lu, l’aide publique aux entreprises privées se monte 
chaque année à environ 200 milliards d’euros. Les grands groupes 
encaissent ces sommes astronomiques destinées à aider l’emploi, après 
avoir pleuré sur le coût du travail, ce qui ne les empêche pas de 
licencier, à l’exemple de Carrefour.
200 milliards d’euros, c’est à peine moins que le budget de l'Etat 
 qui se chiffre à 241,5 milliards d’euros en 2018… dont 15 millions 
seulement pour le Travail contre 16,68  millions en 2017 et 12 millions 
programmés pour 2019.
Ces chiffres sont confirmés par le pôle économique de la CGT dans un communiqué intitulé l'argent des contribuables dans les poches des actionnaires et par son secrétaire confédéral Mohammed Oussedik dans un interview qu'il nous a accordé.
Des milliers de dispositifs 
Ce montant comprend les aides de l’Etat, les exonérations de 
cotisations sociales ainsi que les aides régionales et européennes, soit
 des milliers de dispositifs (6 000 selon certaines sources comme Deficreation)  dont la plupart se cumulent et dont on peut avoir une idée sur le site officiel du ministère de l’économie www.economie.gouv.fr/cedef/aides-publiques-entreprises ou encore celui de l’Urssaf https://www.urssaf.fr/portail/home/employeur/beneficier-dune-exoneration/exonerations-generales/la-modulation-assurance-chomage.html
 ou sur le site de la direction de l’information légale et administrative https://www.service-public.fr/professionnels-entreprises/vosdroits/F23922
Il existe même un site dédié http://www.aides-entreprises.fr/  
En cliquant sur ce lien vous aurez le choix, souvent cumulable, de 
 1 624 aides publiques dans  10 domaines. Il suffit de taper son lieu 
d’implantation et le domaine concerné par la demande d’aide, par exemple
 emploi-formation ou gestion financière et exonération et s’affiche la 
liste des aides possibles.
Tout ça pour écrire que  l’info numérique sur les aides publiques (c’est-à-dire issues de nos impôts) abonde… bien plus que l’info sur les aides sociales aux personnes les plus nécessiteuses. 
CICE 
L’aide  qui fait le plus parler d’elle tant par son montant (plus de 
20 milliards d’euros) que par son emploi controversé (destiné notamment à
 alléger le coût du paiement des salariés jusqu’à 2,5 SMIC) est le CICE - Crédit Impôt Compétitivité Emploi
Vous le lirez il est en baisse cette année et sera supprimé en 2019… 
pour être remplacé par un allègement de cotisations patronales de 6 
points sur les salaires inférieurs à 2,5 SMIC complété par un allègement
 de 4,1 points du Smic à 1,6 SMIC !
Car le comble dans cette histoire de gros sous dont on s’interroge 
sur leurs utilisations finales est que l’Etat aide les entreprises 
(d’autres aides existent pour cela) à payer leurs salariés un peu plus 
que le SMIC alors que c’est une obligation légale de les payer au moins 
au SMIC ! Notre article SMIC 2018-cest-1498-euros-bruts-par-mois-et-pas-moins-pour-toutes-et-tous-les-salarie-e-s
Depuis le 1er janvier 2017 et jusqu’à la fin de cette année, les entreprises peuvent également bénéficier du CITS-crédit-d'impot-sur-la-taxe-sur-les-salaires
Ce coup de pouce permet aux entreprises d’allèger la taxe sur les salaires parce
 qu’elles ne paient pas la TVA. Il se cumule avec le CICE et autres 
allègemetns fiscaux notamment sur les cotisations sociales.
Dans le même temps, la loi de finances pour 2018 (article 84) poursuit le programme de la baisse progressive du taux l'IS - impôt sur les sociétés jusqu'à 25 % en 2022.
Aides à l'emploi ou aux bénéfices ?
Destinées à soutenir l'emploi par un « allègement du coût du 
travail »,  il n'existe aucun contrôle et aucune sanction en cas de non 
respect des conditions quand elles existent (certaines aides sont 
données sans condition). De plus, si la plupart des aides sont 
imposables, des dérogations permettent d’alléger ou d’exonérer cette 
imposition.
Par exemple :
- la déduction forfaitaire pour paiement des heures supplémentaires 
(parce que les employeurs sont aidés à payer les heures sup !) doit 
respecter deux conditions : respect par l’employeur des dispositions 
légales et conventionnelles relatives à la durée du travail et les 
rémunérations afférentes aux heures supplémentaires ne se substituent 
pas à d’autres éléments de rémunération, sauf si un délai de douze mois 
s’est écoulé entre le dernier versement de l’élément en tout ou partie 
supprimé et le premier versement des éléments de rémunération relatifs 
aux heures supplémentaires.
- pas de conditions pour bénéficier du CICE comme expliqué sur le site du ministère de l'économie Qui a droit au CICE ?
- pas de conditions pour l’aide à l'embauche des travailleurs handicapés
Certes ces aides sont bienvenues pour aider les TPME, PME et PMI, les
 agriculteurs, artisans et commerçants en difficulté ou encore pour 
s’installer auto-entrepreneur. 
Or ce sont surtout les grosses 
entreprises, affichant d’énormes bénéfices, comme carrefour qui en 
profitent.
Le cas Carrefour
Ce groupe vient d'annoncer 4 500 suppressions d'emplois et d'empocher
 400 millions d'aides publiques par an pour l'essentiel destinées à 
diminuer les charges salariales. Alors que ses bénéfices tournent autour
 d’un milliard d’euros !
Se plaindre du cout du travail, la belle et juteuse affaire.
Questionnés à ce sujet,  Philippe Allard, délégué syndical du groupe Carrefour et Amar Lagha, secrétaire général de la CGT commerce,
 nous ont confirmé que « Carrefour  a touché successivement 350 millions
 d’euros d’aides publiques consistant en exonération de cotisations 
salariales et en CICE (crédit d’impôt compétitivité emploi) en 2018, 380
 millions en 2017, 390 millions en 2016, 423 millions en 2015, 400 
millions en 2014, soit un total de près de 2 milliards d'aide publique 
en 5 ans dont 744 millions au titre du CICE  ! »
Dans le même temps ils nous expliquent que « le groupe Carrefour, 1er
 employeur de France avec 115 000 salariés, c’est 88 milliards d’euros 
de chiffre d’affaires en 2017 et 980 millions de bénéfice (6 milliards 
de 2012 à 2016) dont 500 millions ont été distribués aux actionnaires 
(2,379 milliards de 2012 à 2016). »
2 milliards d'aide publique en 5 ans ont servi à verser 2 
milliards de dividendes aux actionnaires. Pour faire court les 2 
milliards d'aide publique sont allés directs dans la poche des 
actionnaires, pas de l'emploi ni de la compétitivité. 
« Le CICE destiné au maintien de l’emploi, c’est en fait 2 400 
suppression de poste au siège social, 2 100 emplois menacés  par la 
fermeture de magasins DIA si pas de repreneurs.  Ajoutons les menaces 
qui pèsent sur les salariés des magasins qui vont passer en 
location-gérance, les vendeurs concernés par la réduction de 100 000 m2 
des surfaces des hypermarchés etc. Déjà les effectifs avaient baissé de 
2 050 salariés », précise Philippe Allard.
Ces chiffres il n’a pas manqué de les rappeler avec la 
délégation CGT Carrefour au représentant du ministère du travail qui les
 recevait ce mercredi 31 janvier.
Conclusion d’Amar Lagha : « c’est avec nos impôts qu’on licencie aujourd’hui en France».
C'est pour toutes ces raisons que la CGT Commerce et 
Services appelait tous et toutes les salarié-e-s du groupe Carrefour à 
un rassemblement devant Carrefour à la Porte de Montreuil lundi 5 
février à 10 heures. 
Présent, Alexis Corbière, député FI, a demandé que 
l'argent versé par l'Etat pour créer des emplois et non les supprimer, 
soit rendu. Il a appelé les cotoyens et les consommateurs à se mobiliser
 avec les Carrefour.
analyse du budget 2018 par la CGT
Source: Daniel Roucous

Si je vous pique 1000 € et que dans un second temps je vous en rends 200, vous avez vraiment l’impression que je vous fait un cadeau??? A priori non. Pourquoi n'appliquez vous donc pas le même raisonnement aux prélèvements de l'état?
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