Les inégalités augmentent partout, y compris en France
Le dernier rapport de l’ONG Oxfam sur les inégalités dans le monde
fournit, comme les précédents rapports de cette organisation, des
éléments très intéressants sur les inégalités dans le monde. Cet aspect
du rapport a fait l’objet de nombreux commentaires dans les média.
Ce rapport insiste également sur l’importance des droits des
travailleurs pour lutter contre les inégalités, mais cet aspect n’est
pas suffisamment mis en avant.
Le rapport d’Oxfam montre, chiffres à l’appui, que les plus riches s’emparent une part de plus en plus importante des richesses qui sont produites par les travailleurs.
Le rapport d’Oxfam montre, chiffres à l’appui, que les plus riches s’emparent une part de plus en plus importante des richesses qui sont produites par les travailleurs.
Ainsi : « en 2017, 28 % des richesses créées en France ont
profité aux 1 % les plus riches alors que les 50 % les plus pauvres ne
se sont partagés que 5 % de cette croissance. Une tendance à
l’accroissement des richesses qui devrait s’accentuer davantage encore à
la suite de la dernière réforme fiscale du gouvernement qui profitera
essentiellement aux plus aisés. » (p. 17)
Le phénomène s’observe également dans les autres pays. Ainsi, « 82 %
de la croissance des richesses créées dans le monde l’année dernière
ont profité aux 1 % les plus riches, alors que la situation n’a pas
évolué pour les 50 % les plus pauvres. »
Le graphique suivant résume l’évolution de la hausse des revenus à
travers le monde au cours des quatre dernières décennies. Il met en
évidence la forte hausse des revenus les plus élevés.
Au-delà de la question cruciale du partage injuste des richesses, le
rapport d’Oxfam aborde la question de la relation entre les droits des
travailleurs et les inégalités. Plus précisément, il confirme que lorsque ces droits sont bafoués, les inégalités augmentent.
Le rapport souligne à juste titre (p. 43 et suivantes) : « La
création d’emplois décents pour les citoyen-ne-s ordinaires et la part
croissante du revenu national revenant aux travailleuses/travailleurs et
aux productrices/producteurs, notamment les femmes, est incontournable
dans la lutte contre les inégalités. »
L’Oxfam reprend ici la définition de l’Organisation internationale du travail (OIT) du « travail décent ».
Celui-ci correspond à un emploi ayant les caractéristiques suivantes :
- Un revenu équitable ;
- La sécurité sur le lieu de travail et une protection sociale pour les travailleuses et travailleurs et leur famille ;
- De meilleures perspectives en matière de développement personnel et d’intégration sociale ;
- La liberté d’exprimer ses préoccupations, de s’organiser et de participer aux décisions affectant sa propre vie ;
- Un traitement et des opportunités équitables pour toutes les femmes et tous les hommes. »
Rappelant que « un travail décent et décemment rémunéré est l’essence même d’une économie prospère » et que « accroître l’accès à un travail décent stimule l’égalité », le rapport cite deux exemples opposés.
- « Au Brésil, les changements opérés dans la répartition des salaires et l’emploi rémunéré ont représenté 72 % de la réduction des inégalités descendantes (« top-to-bottom ») entre 2001 et 2012. »
- « À l’inverse, en Espagne, 90 % de l’augmentation des inégalités sont imputables à la chute des salaires et à la perte d’emplois entre 2006 et 2010. »
Ce fait majeur est à juste titre souligné dans le rapport.
Ainsi, « la France est la championne d’Europe pour le montant de
dividendes versés par les entreprises à ses actionnaires. Le taux de
redistribution des dividendes des entreprises du CAC 40 augmente chaque
année un peu plus et dépasse désormais les 50 % contre 33 % au début des
années 2000. Ainsi, ce sont plus de 44 milliards d’euros qui ont été
reversés en 2017 par les entreprises du CAC 40, soit trois fois plus
qu’il y a 15 ans. Dans le même temps, le salaire moyen n’a augmenté que
de 14 % en France » (p. 18) du rapport.
« Dans cette course à la rémunération des actionnaires, trois
entreprises françaises se distinguent : Total, Sanofi et BNP qui ont, à
elles seules, versé un tiers des dividendes des entreprises du CAC 40 en
2017. Sanofi et Total se classent également dans le top 10 des
entreprises mondiales qui ont versé le plus de dividendes en 2016. Ces
entreprises ne sont pas seulement généreuses avec leurs actionnaires
mais également avec leur PDG : Olivier Brandicourt, le PDG de Sanofi
gagne ainsi en moins d’une journée le revenu annuel moyen d’un français. »
Le rapport mentionne un fait indéniable : « En bout de chaîne,
ceux qui en paient le prix sont les travailleurs et travailleuses salariés cadre ou non cadre sur
qui s’exerce une pression importante et qui ne reçoivent pas le salaire
et les ressources à la hauteur de leurs efforts.
Ainsi, il faudrait
11.674 années à un-e salarié-e du textile au Bangladesh pour gagner ce
que gagne en une année le PDG de Carrefour… A l’inverse, 10 % des
dividendes versés par Carrefour à ses actionnaires en 2016 suffirait à
assurer un niveau de vie décent pour plus de 39.000 travailleurs du
secteur du textile au Bangladesh. »
Lutter contre les inégalités nécessite de combattre le dumping social à travers le monde, comme en atteste, par exemple, le cas de Carrefour cité dans le rapport d’Oxfam.
On le voit bien, les inégalités se créent dans l’entreprise et se propagent dans la société.
Pour lutter contre les inégalités, il faut
changer les choix politiques et les choix de gestion des entreprises ;
il faut aussi renforcer les droits du travail et cela passe par des accords réels et sérieux qui permettent à chacun de retrouver le bénéfice de son travail comme cela était le cas par exemple lors de la revers ion de l'intéressement dans notre entreprise.
En savoir plus : Rapport OXFAM France
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