Pourquoi les réseaux sociaux d’entreprise ne marchent pas (La Tribune)
Inhibition des salariés qui craignent de les utiliser, reproduction des 
structures hiérarchiques, interrogations sur la gestion des données 
personnelles... Même si les grands groupes sont de plus en plus nombreux
 à les utiliser, les réseaux sociaux d'entreprise, pourtant coûteux, ne 
produisent pas les effets escomptés. Décryptage.
Les réseaux sociaux d'entreprise sont-ils vraiment utiles
 ? 
Dans leur forme actuelle, pas vraiment, tranche un rapport produit 
par la chaire intelligence RH et RSE de l'IGS, avec le cabinet BDO. 
Ils 
seraient même plutôt contre-productifs : si les grandes entreprises 
françaises s'y convertissent (58% ont déjà franchi le pas et 26% veulent
 le faire à court terme) c'est parce qu'elles espèrent que les nouveaux 
outils numériques vont aider à "transformer les comportements", "dématérialiser les process RH", "favoriser la communication" et "libérer les énergies créatrices dans l'entreprise", d'après une enquête de mai 2017 du Journal du CRM. 
Mais
 en réalité, les réseaux sociaux d'entreprise (RSE) - les plus connus 
sont Workplace de Facebook et Yammer de Microsoft - sont très peu 
utilisés par les salariés.  
Pire : ils renforceraient le cloisonnement 
entre les services, les fameux "silos" qui sont devenus les épouvantails
 des groupes qui se veulent innovants.  
"Pour l'heure, le compte n'y est clairement pas",
 confirme Jean Pralong, auteur de l'étude et professeur de gestion en 
Ressources humaines à l'IGS-RH. 
Les entreprises paient pourtant cher : 
le coût mensuel par employé s'élève entre 4 et 5 euros, ce qui 
représente un budget non négligeable pour un grand groupe comprenant des
 milliers de collaborateurs. 
Les RSE, un nouvelle forme de hiérarchie virtuelle 
Les
 résultats de l'étude, basée sur un sondage en ligne auprès d'un 
échantillon de 1.200 salariés, de l'analyse des pratiques de 4.500 
salariés de deux géants français (dans l'énergie et les services 
informatiques) et d'une cinquantaine d'entretiens dans ces entreprises, 
sont a priori surprenants. Pourquoi les réseaux sociaux 
d'entreprise ne fonctionneraient-ils pas, alors que les salariés des 
grands groupes sont tous (ou presque) sur Facebook (qui compte plus de 2
 milliards d'utilisateurs actifs par mois dans le monde), voire aussi 
sur LinkedIn ou encore Twitter ?
"L'erreur que 
font les entreprises est de penser que leurs collaborateurs reproduiront
 dans un réseau social d'entreprise les comportements observés sur les 
réseaux sociaux privés comme Facebook", explique Jean Pralong.
De
 facto, la fréquentation des RSE est très faible : seuls 25% des 
managers, pour 17% des salariés au total, se servent de l'outil. La 
faute, selon l'auteur de l'étude, à l'immaturité de l'usage, en partie 
liée au fait que les RSE sont un outil de la direction, "du haut vers le bas",
 ce qui empêche un usage spontané et libéré. Ainsi, les RSE vivent par 
et pour les managers d'équipe : les groupes créés sur Workplace ou 
Yammer le sont le plus souvent à l'initiative du manager, et les 
salariés qui y participent appartiennent à son équipe. Autrement dit:
"Au
 lieu de décloisonner et de provoquer des connexions entre services, les
 réseaux sociaux d'entreprise se superposent aux canaux hiérarchiques 
existants, ce qui créé une nouvelle hiérarchie, mais virtuelle. Rares 
sont les salariés qui osent contribuer ou même adhérer à un groupe qui 
n'est pas créé par leur chef", détaillent Jean Pralong. 
Effectivement, l'étude souligne que 87% des contributeurs d'un groupe appartiennent à l'équipe du manager qui l'a créé. "Au
 final, la machine à café reste bien plus efficace pour échanger de 
manière libre et informelle entre salariés dans une grande entreprise", conclut l'universitaire. 
Les paroles s'envolent, les écrits restent
 
Si peu "osent" 
utiliser le RSE, c'est justement car il est virtuel. La liberté de ton 
et d'expression expérimentée sur Facebook ne peut pas se transposer dans
 un réseau social d'entreprise, où la parole est par essence plus 
codifiée. Par conséquent, les salariés s'inquiètent de mal utiliser 
l'outil, de faire une erreur qui serait exposée aux yeux de tous et qui 
pourrait leur être reprochée par la suite.Ainsi, se mettre en avant sur un RSE est perçu comme trop risqué:  
"Si
 je partage mon expertise sur un sujet mais que mon intervention est 
jugée peu pertinente voire à côté de la plaque, qui me dit que cela ne 
va pas nuire à ma progression dans l'entreprise ?" analyse Jean Pralong
Ecrire
 sur un réseau social demande aussi des qualités rédactionnelles qui ne 
sont pas le fort de tous les employés. Au-delà des fautes et de 
l'aisance à l'écrit, vient aussi le problème de la maîtrise du ton. Les 
réseaux sociaux personnels sont associés à un style familier, 
c'est-à-dire décontracté, parfois ironique, avec force de smiley. 
Difficile à transposer en entreprise, où le style est plus formel dans 
les courriels et sur les plateformes de productivité comme Slack.  
"Cela
 révèle l'immaturité de l'usage et vient confirmer que pour l'instant, 
les réseaux sociaux d'entreprise ne sont pas l'eldorado promis pour 
favoriser les échanges entre services 
Par 
conséquent, la parano fait vite son chemin. A la crainte du jugement 
s'ajoute celle de la surveillance : qui lit les contributions sur les 
RSE et que deviennent ces données ? Sont-elles utilisées comme un outil 
d'évaluation supplémentaire par les équipes RH ou le management
Verdict :  plus de 50% des salariés interrogés n'accordent "aucune confiance"
 aux réseaux sociaux d'entreprise, tant en matière de légitimité que 
d'efficacité, et 29% sont carrément réfractaires. Ils préfèrent la 
relation directe avec leur manager et leurs collègues, car les codes 
sociaux sont déjà établis et stables. Et parmi ceux qui utilisent 
l'outil, seuls 17% le font sans crainte. 6%, labellisés "tactiques",
 accordent aux RSE un rôle "politique" : ils les utilisent pour être 
bien vus de leur hiérarchie car c'est "à la mode", mais n'en attendent 
aucune amélioration de leur performance, personnelle ou collective.   
Formation et droit à l'erreur, conditions sine qua non du succès ?
Certes, "la
 faible utilisation des réseaux sociaux d'entreprise, en contrepoint 
avec la popularité des réseaux sociaux personnels, fait peser un doute 
sur leur capacité à développer rapidement des modes collaboratifs dans 
les entreprises françaises", écrit l'étude. Mais Jean Pralong ne 
considère pas que les RSE ne pourront pas s'imposer à l'avenir.   
Selon 
lui, il faudra juste "adapter et encadrer l'usage". D'abord en 
formant les employés non seulement à la maîtrise technique de l'outil, 
mais aussi au rôle du RSE dans l'entreprise et du ton qui y est attendu. 
Ensuite en apaisant leurs craintes sur l'utilisation des données en 
instaurant des garde-fous comme un droit à l'oubli, ou droit à l'erreur. 
"Il
 faut que les salariés aient la garantie que tout ce qui s'écrit sur un 
réseau social d'entreprise ne puisse pas être utilisé par la suite 
contre eux", conseille Jean Pralong. 
Une idée déjà abordée dans la 
norme ISO26000 sur la responsabilité sociale et environnementale, qui 
prévoit d'imposer la notion de "responsabilité numérique" dans les 
entreprises.
Selon le professeur, les entreprises auraient tout intérêt 
d'utiliser les nouvelles dispositions du Code du travail, c'est-à-dire 
les accords d'entreprise, pour négocier dans chaque société le rôle et 
les conditions d'utilisation du RSE
(La Tribune-Sylvain Rolland - 2711) 
Et vous qu'en pensez-vous? 
êtes vous prêt a laisser toutes les données sur MEWE déja présent dans notre entreprise ? ou comme le sondage le prouve. n’êtes pas rassuré par l’utilisation possible de vos données personnelles, si jamais vous les laissiez a dispositions de votre employeur ?
IL FAUT EFFECTIVEMENT FAIRE PREUVE DE PRUDENCE CAR N'OUBLIONS PAS QUE NOTRE EMPLOYEUR RESTE UN EMPLOYEUR AVEC LEQUEL NOUS PASSONS UN CONTRAT DE TRAVAIL ! 

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