Dans le droit fil de l’accord du 30 octobre 2015 dont la CGT n’était pas
 signataire, le Medef propose à la signature des organisations 
syndicales un accord mettant en place un nouveau régime de retraite 
complémentaire d’ores et déjà déficitaire, et qui Vient remplacer les 
régimes historiques ARRCO et AGIRC. 
 #Décryptage
Ce régime est doté d’une nouvelle réglementation
 qui rend caduque toute la jurisprudence liée à l’AGIRC et à l’ARRCO. 
Or, la CGT et son UGICT en avaient fait émerger nombreuses au
 fil des décennies et notamment l’interdiction de baisser les pensions 
liquidées (Arrêt de la Cour de Cassation de 1999, recours introduit par 
l’UGICT-CGT).
En outre, le texte proposé à la signature 
anticipe la réforme générale du système de retraite français qu’Emmanuel
 Macron veut diligenter dès 2018.
Qui est concerné ?
Tous
 les salariés actifs et retraités du secteur privé ainsi que les agents 
du secteur public sous contrat de droit privé sont dans l’immédiat 
concernés. Idem pour les régimes spéciaux adossés, les autres seront impactés dans un second temps.
Contrairement aux régimes AGIRC et ARRCO, en effet, le régime mis en place est organisé pour fonctionner « à cotisations définies ».
Une
 fois acté par les partenaires sociaux, ce fonctionnement « à 
cotisations définies » pourra être généralisé à l’ensemble des régimes 
spéciaux, dont celui de la Fonction publique, par le gouvernement 
Macron.
Qu’est-ce qu’un régime à cotisations définies ?
Tout régime dans lequel les taux et les assiettes de cotisation sont bloqués :
 l’augmentation du nombre de retraités et de leur espérance de vie 
entraîne alors une baisse continue des droits à retraite en cours de 
constitution et des pensions liquidées.
Un exemple caractéristique est fourni par le système suédois qui a fait baisser de près de 10 % toutes les pensions en 4 ans…
En
 l'état, l’étude d’impact demandée par la CGT (cf. ci-joint) à la 
Direction technique du GIE AGIRC-ARRCO fait état pour les 15 prochaines 
années d’une baisse en euros constant de 9 % des pensions liquidées avant ou après le démarrage effectif de ce nouveau régime (1er janvier 2019).
Quelles ont été les positions du Medef et de la CGT dans les négociations ?
La
 CGT a demandé lors de la négociation à ce qu’un garde-fou, que nous 
avions obtenu dans les accords de 2013 et 2015, soit repris dans le 
nouveau régime : l’interdiction de baisser le montant nominal de la 
valeur de service du point. La pension étant égale au produit de la 
valeur de service du point par le nombre de points acquis pendant la 
carrière, sans cette mesure, les retraites sont susceptibles de diminuer
 y compris en montant nominal, ce qui serait sans précédent dans 
l’histoire des retraites en France. 
Le Medef a opposé un refus catégorique à cette demande : le doute sur la réalité de ses intentions n’est donc pas permis.
Il
 s’ensuit que la reprise intégrale des droits passés, posée comme 
principe dans le préambule de l’accord, n’est plus qu’un leurre, puisque
 les droits en question seront progressivement érodés par le nouveau 
régime.
En dépit des demandes de la CGT, le Medef a également 
refusé de faire du taux de remplacement (ce que représente la première 
pension par rapport au dernier salaire d’activité) l’un des indicateurs 
de suivi de ce régime. Les salariés sont donc voués à cotiser à 
l’aveugle, sans jamais savoir ce qu’ils auront au moment de la retraite.
Là
 encore, l’étude d’impact est sans ambiguïté : le niveau des futures 
pensions est appelé à s’effondrer. Pour 100 euros annuellement cotisés, 
un salarié acquiert aujourd’hui un droit annuel à pension de 7,50 euros 
de pension. A terme, ce droit sera réduit de 29 % pour s’établir à 5,27 
euros. Pour rattraper la perte, il faudrait que les salariés cotisent 
pendant 15 années supplémentaires, soit une carrière de 57 ans !
Même
 une formulation aussi édulcorée que « le régime concourt à la 
continuité du niveau de vie entre périodes d’activité et de retraite » 
n’a pas trouvée grâce aux yeux du Medef.
Suppression de la garantie minimale de 120 points de retraite par an
En
 raison de salaires inférieurs ou de peu supérieurs au plafond de la 
Sécurité sociale, 36 % des ICTAM, en particulier les femmes et les 
jeunes diplômés, bénéficiaient de cette garantie minimale de prestation,
 représentant pour une carrière complète, une pension annuelle de 2298 
euros.
Cette prestation constituant un minimum garanti n’a pas sa 
place dans un régime dont la philosophie est de réduire continûment les 
prestations, puisqu’il fonctionne « à cotisations définies ». Le Medef a
 donc obtenu sa suppression.
Suppression de points sans remboursement des cotisations
Certaines
 entreprises, pour fidéliser leurs salariés, cotisent aujourd’hui encore
 au-delà des taux obligatoires et sur une assiette de rémunération plus 
large. Les salariés  obtiennent plus de points de retraites et se 
constituent une meilleure pension. Ces employeurs, après référendum, 
pourraient renoncer à ces dispositifs : les salariés perdraient les 
points acquis à ce titre … mais ne seraient pas remboursés de leurs 
cotisations !
Remise en cause des points attribués au titre du chômage
L’ARRCO
 et l’AGIRC accordaient des points sur toutes les périodes de chômage 
indemnisées. La sous-section 4 de l’accord proposé à la signature ne 
maintient cette disposition que sur la période couverte par la 
convention du 14 avril 2017, qui vient à échéance en septembre 2020 !
«
 Seules les allocations expressément citées dans la présente 
sous-section donnent lieu à attribution de points de retraite 
complémentaire. (…) les titulaires des allocations d'aide au retour à 
l'emploi, versées en application du règlement général annexé à la 
convention du 14 avril 2017, relative à l'indemnisation du chômage, et 
des annexes à ce règlement »
Report d’un an de l’âge de départ en retraite
Dès
 2019, pour liquider leur retraite avant 67 ans sans pénalité, les 
générations nées à compter du 1er janvier 1957 devront travailler une 
année supplémentaire au-delà de l’âge auquel elles bénéficient d’une 
retraite à taux plein dans leur régime de base de Sécurité sociale, CNAV
 (Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse. C’est le régime de base des 
salariés de l’industrie et du commerce) ou MSA ( Mutualité Sociale 
Agricole. C’est le régime de base des salariés et des exploitants du 
secteur agricole)
Les salarié-e-s qui ne prolongeraient pas leur 
activité se verraient appliquer pendant trois années 10 % d’abattement 
sur le montant de leur pension, sauf s’ils sont exonérés de CSG…
Prescription de 3 ans sur la révision des droits (subordonnée à révision dans le régime de base)
Jusqu’à
 présent les salariés pouvaient obtenir une rectification du montant de 
leurs pensions sans se voir opposer un délai de prescription. Non 
seulement un délai de trois ans a été introduit, mais de surcroît la 
révision ne sera effectuée que si le régime de base a lui-même révisé le
 montant de la pension. Sauf que ce dernier ne s’intéresse qu’aux 25 
meilleures années de carrière, alors que dans les régimes par points 
toutes les années comptent pour calculer la pension.
Ecrêtement des majorations familiales pour enfants nés et élevés.
Combattu
 par la CGT, défendu par la CFDT, il est maintenu.  Les prestations 
versées à ce titre qui excédent 167 euros par mois seront donc écrêtées.
 C’est un précédent en direction de l’écrêtement des pensions de 
réversion revendiqué par la CFDT, à ce jour totalement isolée sur cette 
demande. Le Medef n’y a donc pas fait droit cette fois-ci.
Quant 
aux pseudo-concessions sur l’âge et le taux de la réversion, elles 
étaient d’emblée acquises, le Medef ne voulant pas enliser la 
négociation. Son objectif était en effet d’obtenir dans les plus brefs 
délais un accord qui servira de référence à Emmanuel Macron pour sa 
propre réforme du système de retraite français.
Et demain ?
Sauf à renier ses revendications et ses orientations, la CGT ne peut évidemment pas signer cet accord.
Pour autant, elle ne sera pas exclue du pilotage du régime. Le préambule de l’accord est sans ambiguïté :
« Le régime AGIRC-ARRCO de retraite complémentaire, dont le pilotage relève de la compétence des organisations
 d’employeurs et de salariés représentatives au niveau national et 
interprofessionnel, est fondé sur les principes de contributivité, de 
lisibilité et de solidarité et s’appuie sur les considérations 
suivantes. »
En revanche, le Medef a souhaité réserver
 l’administration et la gestion de ce régime aux seuls signataires ou 
aux organisations syndicales qui adhérerait à l’accord postérieurement à
 sa signature.
En tout 
état de cause, la CGT et son Ugict seront présentes dans les prochaines 
négociations pour défendre les revendications de financement d'un régime
 qui garantisse les droits et le niveau de vie des actuels et futurs 
retraités. La CGT Continuera la transparence 
en fournissant décryptages et outils de mobilisation afin de contribuer 
aux luttes lorsque nécessaire.
Rien n'est perdu d'avance , A Suivre ....
Source du dossier: UGI-CGT - Novembre 2017

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