En 2016, la France légiférait sur ce qui semble désormais être une nécessité : la déconnexion.
Si certains ont critiqué cette loi, tantôt pour son caractère
liberticide, tantôt pour son caractère trop peu contraignant, une chose
est sûre : elle a permis de lever le voile sur ce qui est en passe de
devenir un sujet de société. Pour autant, au regard de certaines
connaissances en neurosciences, cette mesure n'apporte que des réponses
très superficielles à un problème grandissant.
Deux ans après le vote du droit à la déconnexion, la Silicon Valley
vient de se mettre en ordre de marche : les prochaines versions android
et iOS, présentes dans tous nos smartphones, devraient nous fournir des outils
pour prendre conscience du temps que nous passons devant notre écran,
et peut-être ainsi nous inciter à le limiter. Après avoir fourni tant
d’efforts pour maintenir notre attention sur nos écrans, les GAFA
semblent donc désormais vouloir nous aider à y résister !
Reconnaitre la vulnérabilité de notre cerveau face à la sur-connexion
Et en effet l'hyper-connexion ne concerne pas que les usages des emails
en dehors des heures de travail, elle est également présente tout au
long de la journée de travail. Et dans ce domaine, il faut l’admettre,
les géants du digital ont évidemment une longueur d'avance sur nos
législateurs. Tristan Harris, ancien ingénieur de Google, nous alerte depuis quelques années : nous sommes faibles dans la guerre qui a lieu entre nos cerveaux et le monde numérique.
Cette faiblesse provient du fait que l'attention est une ressource limitée et fragile.
En effet, notre attention fonctionne comme un filtre à l’intérieur de
notre cerveau. Elle sélectionne ce qui est important au détriment de ce
qui ne l’est pas. Grace à elle, notre cerveau peut alors traiter
uniquement les informations les plus pertinentes dans un contexte donné.
Mais cette fonction ne dépend pas aussi souvent qu'on le croit de notre
seule volonté. Et dans certains contextes, cela peut s'avérer très
utile ! Ainsi, lorsqu’un élément extérieur survient, notre attention se
porte automatiquement sur celui-ci pour nous permettre d’agir. C'est
justement ce phénomène de capture attentionnelle
qu'exploitent les fenêtres pop-up… Notre cerveau va alors utiliser des
ressources cognitives pour traiter ce nouvel élément apparaissant dans
notre environnement, ressources qui se déportent de la tâche en cours.
Et cela a un coût, puisque ces interruptions, qu'elles soient voulues
(comme dans le cas du fameux mais irréaliste “multi-tasking”) ou subies
(comme avec les notifications), interfèrent avec notre mémoire de
travail, favorisant ainsi le risque de surcharge cognitive et diminuant nos performances ! [1]
Il faut protéger nos ressources cognitives par de meilleures pratiques de connexion
Nous évoluons désormais dans un monde de sollicitations permanentes,
dans nos vies comme au travail. De plus en plus, la valeur créée par le
travail repose sur le traitement d’un flux incessant d’informations. Or
pour pouvoir capter, traiter, mémoriser ou restituer les informations
utiles, il est essentiel de filtrer correctement ces informations.
Une erreur serait de penser que plus d’informations circulant dans
l'entreprise engendrent nécessairement plus d’efficacité. Or notre
cerveau a des limites, et les environnements de travail qui ne les
prennent pas en compte réduisent de fait notre bien-être et notre
efficacité.
Il est bien sur évident que nous devons avoir la possibilité et les capacités de déconnecter en dehors du travail. La loi de 2016 a d'ailleurs pour objectif d'encadrer ces pratiques. Mais, il est tout aussi crucial d’apprendre à réguler ses pratiques de connexion durant les heures de travail ! En effet, nul n’est capable d’être entièrement attentif en réunion lorsque s'affichent à l'écran boite mail et/ou notifications des réseaux sociaux. Et cette problématique d'une concentration pleine et entière se pose également en dehors des salles de réunion. Des données suggèrent qu’un salarié serait interrompu en moyenne toutes les 3 minutes sur sa journée de travail [2]. Dès lors, comment pouvons-nous demander la réalisation de tâches cognitives complexes ?
Heureusement, il est tout à fait possible de reprendre la main sur nos pratiques de (dé)connexion, au travail comme en dehors. Et pour cela, nul besoin d'attendre de nouvelles législations. À la manière de Google et Apple, les organisations peuvent et doivent permettre à leurs collaborateurs de prendre conscience de leurs pratiques de connexion. C'est seulement lorsque que cette prise de conscience aura eu lieu qu'il sera possible d'expérimenter de nouveaux comportements face au digital, pour plus de bien-être et de performances.
Il est bien sur évident que nous devons avoir la possibilité et les capacités de déconnecter en dehors du travail. La loi de 2016 a d'ailleurs pour objectif d'encadrer ces pratiques. Mais, il est tout aussi crucial d’apprendre à réguler ses pratiques de connexion durant les heures de travail ! En effet, nul n’est capable d’être entièrement attentif en réunion lorsque s'affichent à l'écran boite mail et/ou notifications des réseaux sociaux. Et cette problématique d'une concentration pleine et entière se pose également en dehors des salles de réunion. Des données suggèrent qu’un salarié serait interrompu en moyenne toutes les 3 minutes sur sa journée de travail [2]. Dès lors, comment pouvons-nous demander la réalisation de tâches cognitives complexes ?
Heureusement, il est tout à fait possible de reprendre la main sur nos pratiques de (dé)connexion, au travail comme en dehors. Et pour cela, nul besoin d'attendre de nouvelles législations. À la manière de Google et Apple, les organisations peuvent et doivent permettre à leurs collaborateurs de prendre conscience de leurs pratiques de connexion. C'est seulement lorsque que cette prise de conscience aura eu lieu qu'il sera possible d'expérimenter de nouveaux comportements face au digital, pour plus de bien-être et de performances.
Force est de constater que nous sommes bien loin de ces préconisations d'autant tout est fait pour équiper les salariés qui sont connectés a 1000% avec l'entreprise soir et week-end et dont on trouve presque anormale le fait de ne pas l'être...cependant le DIGITAL utilisé par tous ne doit pas faire oublier les conséquences elle bien réelle sur la santé des salariés et la qualité de vie et ceci de façon invisible.
Bonne fin de semaine et bon Week-end.
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[1] Clapp WC, Rubens MT, Gazzaley A (2010) Mechanisms of working memory disruption by external interference. Cereb Cortex.
[2] Gonzàlez V.M. and Mark G. (2004). Constant, Constant, Multi-tasking Craziness”: Managing Multiple Working Spheres. HCI Letter.
[2] Gonzàlez V.M. and Mark G. (2004). Constant, Constant, Multi-tasking Craziness”: Managing Multiple Working Spheres. HCI Letter.
source:l'usine nouvelle - Octobre 2018.
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