Le véritable bilan annuel des grandes entreprises françaises
L’Observatoire
 des multinationales publie le premier « véritable bilan annuel » des 
multinationales françaises. 
Cet exercice inédit permet à tout un chacun d’aller au-delà de la comm’ et du jargon financier pour examiner ce que font réellement les grandes entreprises françaises dans des domaines aussi divers que le partage des richesses, la protection du climat, les droits des travailleurs, le lobbying ou la santé.
  Cet exercice inédit permet à tout un chacun d’aller au-delà de la comm’ et du jargon financier pour examiner ce que font réellement les grandes entreprises françaises dans des domaines aussi divers que le partage des richesses, la protection du climat, les droits des travailleurs, le lobbying ou la santé.
Le lecteur apprendra par exemple dans ce « véritable bilan annuel »
 que les grandes entreprises françaises redistribuent les deux tiers de 
leurs bénéfices aux actionnaires, et qu’elles ont diminué leurs 
effectifs en France de 20% depuis 2010 malgré un chiffre d’affaires en 
croissance. Qu’elles possèdent chacune des centaines de filiales partout
 dans le monde, dont 15% dans des paradis fiscaux. Qu’elles dépensent 
des centaines de milliers, voire des millions d’euros en lobbying à 
Paris, Bruxelles et Washington, mais aussi des centaines de millions 
d’euros, voire des milliards pour certaines, en publicité. Que le 
premier actionnaire du CAC40 n’est plus, pour la première fois depuis 
longtemps, l’État français, mais la famille du milliardaire Bernard 
Arnault, PDG de LVMH et actionnaire de Carrefour. Ou encore que près de 
la moitié du CAC40 a un dirigeant issu de la haute fonction publique.
Ce « véritable bilan annuel » revient aussi sur le rôle des 
multinationales françaises dans l’actualité nationale et internationale 
au cours de l’année écoulée, depuis l’élection de Donald Trump aux 
États-Unis jusqu’à la réforme du code du travail en France. Il emmène le
 lecteur tout près de chez lui, où se font sentir les conséquences des 
fermetures d’usines et l’héritage de la pollution, aussi bien qu’à 
l’autre bout du monde, dans l’Arctique russe où des groupes français 
extraient du gaz naturel, dans les forêts d’Afrique, d’Asie et 
d’Amérique du Sud qui souffrent de l’expansion des plantations de soja 
ou d’huile de palme, dans les banlieues des grandes villes asiatiques où
 triment les ouvriers et ouvrières de leurs fournisseurs, et jusque dans
 les océans envahis par le plastique.
Grand écart entre les discours et les pratiques
S’il est un fil conducteur à ce « véritable bilan annuel », c’est 
bien celui du grand écart entre la communication des grandes entreprises
 françaises et la réalité des faits et des pratiques. Les groupes du 
CAC40 rivalisent d’éloquence pour évoquer leur engagement pour le 
climat, mais seule une minorité d’entre eux (14) réduisent effectivement
 leurs émissions de gaz à effet de serre. Ils se vantent d’avoir 40% de 
femmes dans leurs conseils d’administration, sans préciser que la 
législation les y contraint ni que dans leurs comités de direction, non 
couverts par la loi, cette proportion descend à 13%.
Le constat vaut même pour des multinationales françaises qui 
consacrent une énergie folle à se présenter elles-mêmes comme des 
modèles de vertu et de responsabilité sociale et environnementale, à 
l’image de Danone. 
Si l’on regarde la réalité des chiffres et des faits,
 Danone se situe dans la moyenne en termes de redistribution de ses 
profits aux actionnaires. Elle fait partie des multinationales 
tricolores qui possèdent la plus grosse proportion de filiales dans les 
paradis fiscaux. En termes de rémunérations, elle est l’un des groupes 
les plus inégalitaires du CAC40. Son effectif en France a chuté de 9% 
depuis 2010 alors même que son chiffre d’affaires augmentait de 45%. 
Elle contribue à l’envahissement du monde et des océans par le 
plastique, en n’apportant que des réponses partielles et imparfaites en 
termes de plastique recyclé, et seulement pour sa marque la plus haut de
 gamme, Evian. Elle a réduit ses émissions de gaz à effet de serre et 
affiche des objectifs ambitieux dans ce domaine, mais l’industrie 
laitière reste l’une des principales sources mondiales de gaz à effet de
 serre. Les discours de la direction de Danone et de son PDG Emmanuel 
Faber sur le rôle social de l’entreprise paraissent un prolongement des 
milliards d’euros de publicité dépensés chaque année par le groupe pour 
amadouer les consommateurs.
Menaces sur le droit à l’information
Le « véritable bilan annuel des grandes entreprises françaises » 
réalisé par l’Observatoire des multinationales montre l’importance d’une
 information indépendante et d’un débat contradictoire et éclairé sur 
ces questions, pour notre démocratie et notre planète, mais aussi pour 
les entreprises elles-mêmes et leurs salariés.
Malheureusement, avec le secret des affaires, la concentration des 
médias entre les mains de quelques milliardaires, la multiplication des 
procédures bâillon contre journalistes, associations et lanceurs 
d’alerte, ou encore la réduction des prérogatives des représentants des 
salariés, le droit à l’information et au débat sur les entreprises et 
leur stratégie semble plus menacé que jamais.
 Bonne Semaine a tous et toutes :)
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