Alors qu'une négociation est en cours entre les syndicats majoritaires dans l'entreprise que sont la CFTC et CFDT il est bon de rappeler quelques éléments:
A ce jour:
- une période de test est en cours depuis 02 ans maintenant..
 - Certains salariés sont éligibles (dans ce cadre de la phase de test).
 - L'assurance est assuré par le salarié qui accepte le TELETRAVAIL.
 - Plusieurs modèle de fonctionnement sont pratiqués.
 - Jour au choix du management.
 - Jour Fixe ou Variable.
 - Certains se voient refuser le télétravail le Lundi ou le vendredi , d'autres accordés...
 - Liste des postes non définis et donc actuellement au cas par cas...
 
Parmi lesquels:
La mise a disposition de l'ensemble des équipements permettant d'appliquer le télétravail correctement (Matériel (PC + Téléphone ou autres),  Abonnement (Accès Internet)..) mais aussi l'assurance des équipements et des personnes.
Il est aussi bon de rappeler que l'impact n'est pas uniquement Matériel et un Gain comme tout un chacun l’entends  
(Dans la pensée collective: je ne vais plus me déplacer, Je vais économiser de l'essence, Je serais chez mois tranquille....) 
Les risques psychosociaux sont des risques qui peuvent être induits 
par l’activité professionnelle exercée, ou générés par l’organisation et
 travail et les relations de travail. Ces risques sont définis par 
l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), comme étant des 
risques inhérents à des situations de travail où sont présents, combinés
 ou non : du stress, des violences internes commises au sein de 
l’entreprise par des salariés et du harcèlement moral ou sexuel, 
conflits exacerbés entre des personnes ou entre des équipes.
Il 
est de la responsabilité de l’employeur d’évaluer ces risques, et de 
prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger ses
 salariés dans le cadre de l’obligation générale de sécurité à l’égard 
de ses salariés (articles 
  L4121-1
    et 
  L4121-2
    du Code du travail). En cas de non-respect de cette obligation, il encourt des sanctions civiles et pénales
Servitude volontaire 
Le télétravail en développant le 
nomadisme des salariés grâce à l’utilisation des nouvelles technologies 
pourrait conduire à une injonction implicite : être connecté en 
permanence, même en dehors du temps de travail effectif. Le 
collaborateur pourrait chercher à démontrer à son employeur qu’il mérite
 l’organisation du travail flexible qui a lui été accordée. 
Ce 
dernier pourrait alors modifier son comportement au travail pour donner 
une image de lui conforme aux attentes de l’employeur lors d’une 
situation de travail à distance, dans le but d’être reconnu et 
légitimité dans sa position de télétravailleur. Ce phénomène pourrait 
produire des effets néfastes sur la santé mentale et physique des 
individus, selon un rapport de l'organisation internationale du travail 
  (à lire ici en anglais).
L’utilisation intensive des nouveaux objets connectés dans le cadre du travail peut conduire à une forme de «servitude volontaire de la Boétie» (Ray, 2009) et le télétravail peut potentiellement mener à l’invasion du territoire personnel.
L’éclatement des lieux de travail provoque une certaine porosité de la 
frontière entre la vie professionnelle et la vie privée qui peut 
s’avérer dangereuse. Le télétravail présente donc parfois des risques de
 dérives. La connectivité permanente induite par le travail à distance 
rend les salariés dépendants, se sentant parfois contraints de devoir 
répondre immédiatement aux sollicitations de l’organisation, quels que 
soient l’heure et l’endroit. La possibilité d’une connexion permanente 
induit une situation subie. L'absence de régulation entre les sphères 
privées et professionnelles présente alors des risques la santé du 
salarié.
La perméabilité des frontières peut ainsi devenir un danger si le droit à
 la déconnexion introduit dans le Code du travail à l'article L 2242-17 
n’est pas respecté. Le télétravailleur est supposé être autonome et 
c’est d’ailleurs fréquemment un critère d’éligibilité. Le manager lui 
fait confiance, mais derrière cette relation de promesses réciproques 
(autonomie, liberté d’organisation), il y a des attentes implicites 
(flexibilité). Derrière cette relation qui se veut gagnant-gagnant on 
découvre donc parfois une hyper-connectivité nocive.  
Quels accords dans l'entreprise ? 
Qu’il soit régulier ou 
occasionnel, le télétravail peut être mis en place par un accord 
collectif, par une charte ou par un simple accord entre le salarié et 
l’employeur. Le contrat de travail n’est pas nécessairement modifié par 
voie d’avenant. L’accord entre les parties peut désormais être formalisé
 par tout moyen.
L'accord collectif applicable ou à défaut, la 
charte élaborée par l'employeur précise notamment obligatoirement. Les 
modalités de contrôle du temps de travail ou de régulation de la charge 
de travail. La détermination des plages horaires durant lesquelles 
l'employeur peut habituellement contacter le salarié en télétravail.
Beaucoup
 d’entreprises se sont emparées des ordonnances de 2017 et de loi de 
ratification de mars 2018 pour la mise en place du travail à distance, 
mais d'autres ont fait le choix de la signature d’une charte ou d’un 
accord d’entreprise. Ces documents, concertés, peuvent contribuer à 
protéger les droits des télétravailleurs et plus particulièrement mettre
 en œuvre le droit à la déconnexion en situation de télétravail.
En
 effet, le contenu de la charte ou des accords peut éviter : un temps de
 travail excessif, un empiétement de la vie professionnelle sur la vie 
privée, des difficultés à se déconnecter. On notera d’ailleurs que 
déjà, l’accord national interprofessionnel de 2005 prévoyait en son 
article 9 que la charge de travail, les normes de production et des 
critères de résultats exigés devaient être équivalents par rapport à̀ 
une situation comparable dans les locaux de l’employeur.
Protection renforcée
Cela
 pourrait aussi être l’occasion de mettre en œuvre une protection 
renforcée pour lutter contre les risques psychosociaux de manière plus 
globale dans l’organisation concernée. En aucun cas, le télétravail ne 
doit modifier, à la hausse ou à la baisse, les missions et activités 
habituelles du salarié, ses objectifs, le nombre d’heures de travail et 
sa charge de travail.
Le télétravail ne doit pas devenir 
uniquement un outil de flexibilité menaçant la santé des salariés. Cette
 dernière est d’ailleurs protégée par une réglementation stricte 
notamment concernant les durées maximales du temps de travail 
journalier, hebdomadaire, les droits à pause et repos.
Les 
entreprises font évoluer les modes managériaux vers davantage 
d’autonomie avec une contrepartie en matière d’obligations de résultat, 
notamment lors de la mise en place du télétravail. Cela suppose une 
vigilance particulière pour la protection des collaborateurs.
> Lire aussi :Dans le secteur privé, le télétravail se généralise
En
 effet, la direction doit veiller à un suivi régulier des 
télétravailleurs (via les entretiens obligatoires comme l’entretien 
professionnel ou à travers des entretiens facultatifs qui pourront être 
informels). Il sera aussi utile de travailler en étroite collaboration 
avec les représentants du personnel sur le sujet du télétravail comme 
des risques psychosociaux ainsi qu’avec la médecine du travail. Les 
managers pourront alors envisager l’opportunité d’un dialogue renforcé 
dans le cadre d’actions de prévention (audit des risques psychosociaux, 
nouveaux aménagements horaires, ergonomie des bureaux) dans le cadre de 
la mise en œuvre du travail à distance.
La mise en œuvre du 
télétravail en entreprise questionne ainsi sur l’éventuel développement 
d’outils de prévention des risques psychosociaux.
Ces outils 
peuvent être négociés dans la charte ou l’accord relatif au télétravail.
 C’est alors une occasion d’entamer le dialogue social sur le sujet des 
risques psychosociaux et notamment sur la déconnexion et la charge de 
travail. Le travail à distance serait alors un prétexte pour relancer le
 dialogue social autour de la prévention de certains risques et 
permettrait d’attirer l’attention des managers sur la nécessité pour 
leurs collaborateurs de mesurer l’usage des nouvelles technologies, même
 en situation de télétravail.
Caroline Diard est enseignante-chercheuse en management des RH et droit à l'EDC Paris Business School.




